- 10 000 cas de mélanome sont diagnostiqués chaque année en France et 2 000 personnes en décèdent.
- 80 % des mélanomes cutanés apparaissent sur une peau sans tâche ni lésion. La tâche pigmentée ressemble à un grain de beauté. Dans les cas restants, le cancer se développe à partir d’un grain de beauté (ou nævus) préexistant.
- La mutation de la protéine MITF est présente chez 2 % des gens.
- La plus courante reste la mutation du gène BRAF, qui favorise les amas de mélanocytes. Quatre grains de beauté sur cinq en sont porteurs.
La mutation est rare. Elle ne touche que 2 % de la population. Mais ses retombées peuvent être dramatiques. Une variation de la protéine MITF, impliquée dans la formation des grains de beauté, multiplie par cinq le risque qu’ils évoluent en mélanome. Une équipe de l’Inserm le montre dans le Journal of the National Cancer Institute.
Le développement des grains de beauté est dû à l’amas de mélanocytes. En temps normal, la protéine MITF est chargée de limiter leur prolifération par un processus de sénescence, qui stabilise l’ensemble. Lorsqu’elle est mutée, ce mécanisme est levé. Les cellules se multiplient alors de manière excessive.
Pas de piste thérapeutique
« La mutation MITF E318K aide la cellule à échapper au phénomène de sénescence, permettant habituellement de restreindre la progression tumorale », explique Corine Bertolotto, principal auteur de l’étude. En effet, la protéine joue un rôle clé dans la différenciation des mélanocytes et la survie cellulaire. Sa version mutée, elle, empêche l’action des inhibiteurs du cycle cellulaire, comme l’a montré l’équipe sur des souris. C’est ce qui explique la formation de cellules tumorales.
Ces éléments sont précieux pour les cancérologues. De nombreux traitements ont permis une prise en charge efficace des malades, même en stade métastatique, mais certains mécanismes sont encore mal compris.
« Nous allons poursuivre nos recherches afin d’identifier les partenaires de MITF-E318K et de continuer à comprendre comment cette mutation exerce son effet pro-tumoral », précise Corine Bertolotto. Pour le moment, les chercheurs n’ont pas identifié de molécule capable de contrer cette mutation.
10 000 cas par an
En attendant une piste thérapeutique, les chercheurs conseillent aux Français de surveiller régulièrement leurs grains de beauté, seuls et à l’aide d’un dermatologue. Ce conseil est particulièrement important pour les personnes dont la famille a développé un mélanome, car la mutation est héréditaire.
Détecté tôt, un mélanome se guérit dans 90 % des cas. Mais sur les 10 000 diagnostics posés chaque année, beaucoup surviennent trop tard. Ce cancer se métastase très vite, un repérage tardif dégrade donc le pronostic.
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avec le Dr Claudine Blanchet-Bardon (SNDV)
diffusée le 26 mai 2016