Le pari est fou : transplanter une tête d’un homme à un autre. Impensable, direz-vous, mais ce défi est en passe d’être remporté. Le très controversé Sergio Canavero, neurochirurgien italien, avance ses pions, faisant fi des réticences du milieu médical.
La première greffe de tête sera donc réalisée en décembre 2017, en Chine. Le médecin affirme avoir trouvé l’approche adéquate… sur des rats. Un essai en ce sens a été publié dans le journal CNS Neuroscience and Therapeutics. C’est la première fois que l’Italien bénéficie d’une publication dans une revue relue par des pairs.
Un corps, deux têtes
Le terme de l’expérimentation de Sergio Canavero évoque les monstres mythologiques. Il faut dire qu’au terme de la chirurgie, le rat receveur disposait de deux têtes, posées l’une sur l’autre. Des images saisissantes publiées par le site Motherboard.
Pour parvenir à ce résultat, l’italien a eu recours à trois animaux. Un donneur, un receveur et un destiné à alimenter en sang le cerveau en cours de greffe. La tête et les pattes avant du donneur sont rattachées au receveur. L’objectif est clair : réduire les risques de rejet tout en limitant les dégâts sur l’organe.
Rien ne dit si c’est ce modèle « bicéphale » qui sera adopté par le savant-fou. Mais l’approche paie : le tissu cérébral semble intact. Les animaux, eux, ont souffert de douleurs post-opératoires et ont présenté un réflexe cornéen, signe de réussite. Durant l’intervention sur l’homme, il faudra donc assurer un afflux sanguin constant, à l’aide de poche cette fois et non d’un troisième être humain. Mais l'Italien s'avance sans doute. Plusieurs années sont, en général, nécessaires avant de passer à de la recherche humaine.
« Des choses bien pires que la mort »
L’aventure est folle, et rappelle les travaux du Dr Frankenstein. Elle a pourtant convaincu des chercheurs chinois : l’intervention sera réalisée au sein de l’université de médecine de Harbin (Chine). Mais le volontaire russe ne sera pas le premier choisi. Un citoyen chinois devra d’abord passer sous le bistouri de Sergio Canavero. Valery Spiridonov, qui souffre de la maladie de Werdnig-Hoffman, devra prendre son mal en patience.
Cette publication ne résout en rien les problèmes éthiques soulevés par cette tentative de greffe. Les spécialistes de la neurochirurgie ont également souligné le risque de fortes souffrances si l’opération échoue. D’ailleurs, le président de l’Association américaine des neurochirurgiens a résumé son scepticisme de manière frappante en 2015. « Je ne souhaite cela à personne, a déclaré Hunt Batjer. Je ne permettrais jamais à quelqu’un de me faire subir cela ; il y a des choses bien pires que la mort. »