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Un Français déjà condamné

Stealthing : les cas de retrait de préservatif se multiplient

Par Anne-Laure Lebrun

Un cas loin d'être isolé. Un Français de 47 ans a été condamné pour viol à Lausanne pour avoir retiré son préservatif sans avertir sa partenaire. 

mariakarabella/epictura
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« A vomir », « pratique de tordu », « scandaleux »… Les utilisateurs des réseaux sociaux n’y vont pas par quatre chemins pour dire leur dégoût d’une pratique sexuelle appelée le « stealthing ». Celle-ci consiste à ôter son préservatif, ou le saboter, lors d’un rapport sexuel sans prévenir sa ou son partenaire.

C’est la juriste américaine Alexandra Brodsky, auteure d’une étude sur le sujet, publiée dans le Columbia Journal of Gender and Law, qui a lancé le débat autour de cette violation du consentement.

La jeune femme a interrogé de nombreuses victimes de ce retrait « furtif » de préservatif. Si en grande majorité, ce sont des femmes, elle a aussi rencontré des hommes. Et pour un grand nombre de personnes, il est difficile de déterminer si elles ont été victime d’un viol.


Un précèdent en Suisse

Pour la justice suisse, il n’y avait aucun doute. En janvier 2017, un Français de 47 ans a été condamné à 12 mois de prison avec sursis pour le viol d’une Suissesse. L’homme avait retiré son préservatif en plein milieu du rapport sexuel. Ce n’est qu’à la fin que la quadragénaire s’en est rendue compte. Effrayée à l’idée d’avoir attrapée le VIH, elle avait suivi pendant 4 mois un traitement préventif.

Au procès, l’avocat du Français avait qualifié les faits de « plan cul entre adultes consentants avec accident de préservatif ». La procureure n’avait pas du tout partagé cette vision de l'affaire, et fait le parallèle avec une relation anale non désirée lors d’un rapport sexuel consenti.

 

Un troueur de capotes au Canada

Quelques années, plus tôt au Canada, la Cour Suprême avait condamné Craig Jarret Hutchinson pour agression sexuelle. Le Néo-ecossais avait saboté ses préservatifs pour que sa petite amie tombe enceinte, et s’assurer ainsi qu’elle ne le quitterait pas. Les 7 juges du plus haut tribunal canadien avait alors rappelé que la plaignante avait accepté d’avoir des relations sexuelles protégées avec son partenaire, et que le port du préservatif était une « condition essentielle » à leur rapport. En trouant les capotes, Mr Hutchinson a délibérément violé le consentement de sa compagne.

Si ces cas isolés d’agression sexuelle sont inquiétants, la juriste Alexandra Brodsky a découvert une communauté d’hommes qui fait froid dans le dos. Au cours de ses recherche, elle est tombée sur des forums encourageant les hommes à adopter cette pratique du stealthing. Pire, certains internautes n’hésitent pas à livrer « leurs astuces personnelles » pour enlever en toute discrétion leur préservatif.


Honteuse misogynie

Leur point commun : la misogynie et la croyance en la suprématie masculine. Pour justifier leurs actes, ils évoquent un « instinct de mâle » et « un droit naturel de l’homme ». Sur les forums, certains expliquent que « le devoir d’une femme est d’écarter les jambes et de recevoir la semence », et d’autre abondent : « les femmes sont nées pour cela ».

Après avoir lu ces propos, la juriste appelle les Etats-Unis à inclure ces pratiques dans sa législation afin de lever une quelconque ambiguïtés. En France, les spécialistes du droit pénal indiquent que la loi actuelle suffirait pour aboutir à une condamnation.