Cet aliment fait fureur chez les végétariens. En steak ou en lait, le soja est très prisé pour remplacer les protéines alimentaires. Mais la plante pourrait trouver son succès auprès d’un tout autre public : les personnes souffrant de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI).
Un concentré de protéines de soja, mis au point par l’université d’Etat de Pennsylvanie (Etats-Unis) a livré des résultats intéressants chez la souris. L’approche pourrait être complémentaire des traitements actuels. Les premiers travaux sont publiés dans le Journal of Nutritional Biochemistry.
Une inflammation moins marquée
Sur des cellules humaines de côlon et sur la souris, les chercheurs de Pennsylvanie ont testé une nouvelle approche alimentaire. Ils ont substitué 12 % des protéines d’origine animale par un condensé de protéines de soja – concentré à 70 %.
« Nous ne voulions pas nous laisser entraîner vers des doses très élevées qui évacueraient toutes les autres sources de protéines, explique Zachary Bitzer, premier auteur de l’étude. Nous souhaitions nous approcher d’un scénario qui puisse s’adapter aux conditions de vie humaine. »
Plusieurs souris ont été modifiées de manière à exprimer les symptômes d’une rectocolite hémorragique : perte de poids, raccourcissement du côlon et gonflement de la rate. Les chercheurs leur ont administré le traitement habituel, complété par le concentré de soja.
La protéine a permis de limiter l’amaigrissement des animaux tout en réduisant le volume de la rate. Les marqueurs d’inflammation sont plus faibles avec le soja, et la barrière intestinale retrouve un fonctionnement plus proche de la normale.
Protéger les cellules
Cette évolution s’explique par l’action du concentré de protéines de soja. Il produit un antioxydant qui a un effet cytoprotecteur in vitro. Autrement dit, le condensé protège les cellules du côlon contre les agents nocifs, ici l’inflammation. C’est pourquoi, chez la souris, les symptômes des MICI sont moins sévères.
Au vu de ces résultats, les chercheurs estiment que le recours aux protéines de soja pourrait former un complément intéressant aux traitements habituels des MICI. « Dans la mesure où des produits sont déjà sur le marché, cela rend les choses plus simples », estime Zachary Bitzer. En effet, aucun médicament ne permet de guérir de ces pathologies. En revanche, les anti-inflammatoires permettent de contrôler leur évolution et des immuno-modulateurs permettent de les freiner. Mais ces approches sont lourdes en effets secondaires et leur efficacité parfois incomplète.