Décrié par tous les acteurs de l’industrie du tabac, et pour cause, le paquet neutre, officiellement entré en vigueur au 1er janvier de cette année, serait sans effet. Pour preuve, les Français auraient plus fumé au 1er trimestre 2017 que sur la même période de 2016, à en croire Le Parisien. Le paquet neutre fait-il réellement « pschitt », comme le titre le quotidien ?
Les choses sont peut-être plus complexes qu’il n’y paraît. Tout d’abord, les chiffres sur lesquels se fondent ces conclusions ne sont pas ceux des ventes de cigarettes, mais bien ceux des livraisons aux buralistes. S’ils sont livrés, c’est sans doute qu’ils vendent, et donc que les deux paramètres sont très corrélés. Certes, mais le diable se cache dans les détails.
Le chiffre avancé de 1,4 % de hausse des livraisons est en fait biaisé par le nombre de jours de livraison pour ces trois premiers mois de l’année, entre 2017 et 2016. Comme l’expliquait l’article de Marion Guérin en avril dernier lorsque ces chiffres ont été rendus publics, « le premier trimestre 2017 a compté deux jours de livraison supplémentaires, par rapport à la même période en 2016. Résultat : le pourcentage est faux ». CQFD !
En reprenant les chiffres des deux années et en les comparant à jours constants de livraison, notre journaliste parvenait à la conclusion que les livraisons pour 2017 avaient en réalité chuté de 1,7 %. Un chiffre cohérent avec celui de l’Observatoire français des drogues et toxicomanies : l’OFDT avait pour sa part estimé un recul des ventes de cigarettes de 2,6 % sur les deux premiers mois de l’année.
Avant d’enterrer le paquet neutre, il faudra donc attendre encore un peu. Par ailleurs, les tabacologues le soulignent : cette mesure n’est pas destinée directement à faire reculer massivement les ventes. L’impact du paquet neutre est plus attendu sur la dissuasion d’entrer dans la consommation, surtout auprès des jeunes. Un effet qu’il ne sera donc pas possible d’évaluer à court terme. Ensuite, cette mesure doit s’inclure dans un plan global de lutte contre le tabac, et être accompagnée d’augmentations sensibles du prix du tabac. Interviewé par Le Parisien, le Pr Bertrand Dautzenberg estime ainsi qu’il faudrait que le prix du paquet de cigarettes passe à 10 euros pour qu’une baisse notable du tabagisme soit observée.