La cigarette encrasse les artères. Une conséquence du tabagisme liée à l’inhibition d’un gène protecteur, révèle une étude publiée ce lundi 1er mai dans le journal scientifique Circulation.
En bloquant l’action de ce gène, le tabac stimule la synthèse d’une molécule favorisant la formation de plaque de graisse dans les vaisseaux sanguins, et multiplie ainsi les risques de développer des maladies coronaires.
« Notre conclusion suggère qu’inhiber cette enzyme serait particulièrement bénéfique pour les fumeurs, mais aussi pour toutes les personnes présentant un haut risque de pathologies cardiovasculaires », a expliqué le Pr Muredach Reilly, professeur de cardiologie l’université de médecine de Columbia (Etats-Unis).
Des millions de morts
A l’échelle mondiale, la cigarette est responsable d’un cas de maladie coronaire sur 5 et d’au moins 1,6 million de décès chaque année. Malgré ce fléau, le monde scientifique n’avait pas encore découvert les mécanismes menant à l’apparition de ces troubles du cœur et des vaisseaux. Des facteurs génétiques de prédisposition ont notamment été évoqués.
L’équipe du Pr Reilly s’est donc attelée à l’analyse génétique de plus de 140 000 personnes ayant participé à une trentaine d’études. Les chercheurs se sont particulièrement concentrés sur 45 petites régions du génome connues pour être associées à un risque accru de maladies coronaires.
Une variation et tout s'emballe
L’analyse a mis en évidence qu’une seule modification du code génétique sur le chromosome 15 est associée à un risque de maladie cardiovasculaire réduit de 15 %. Cette petite variation se situait proche d’un gène impliqué dans la production d’une enzyme appelée ADAMTS7 dans les artères. En revanche, les fumeurs porteurs de cette mutation ne bénéficiaient que d’une réduction de risque de 5 %.
Des travaux menés sur des souris ont montré qu’en supprimant ce gène, et donc la production de cette protéine, la formation de plaque d’athérosclérose dans les artères était évitée.
Une autre expérience réalisée sur des cellules composant les artères ont également confirmé le rôle protecteur de ce gène. Exposées à des extraits liquides de cigarette, les cellules ont suractivé la production de l’enzyme ADAMTS7 jusqu’à la doubler.
Un pas vers la médecine de précision
« Ces résultats sont un pas important pour résoudre le puzzle complexe de l’interaction environnement-gène qui mène aux maladies coronaires, a relevé le Pr Danish Saleheen, responsable de l’étude et professeur adjoint de biostatistiques et d’épidémiologie à l’université de Pennsylvanie.
Lors de leurs prochains travaux, les chercheurs espèrent comprendre comment le tabac agit sur ce gène, et déterminer si l’inhibition de l’ADAMTS7 peut ralentir le développement de l’athérosclérose induit par la cigarette.
« Cette étude est un exemple de la médecine de précision, un domaine en pleine émergence. Grâce à ces larges études génétiques, nous commençons à comprendre l’impact des variations génétiques face à certains facteurs environnementales ou modes de vie », a commenté le Pr Reilly.