Jeunes, mais pas insouciants. 9 % des adolescents français souffrent d’asthme. Avec les bons médicaments, la maladie est aisément contrôlée. Mais seuls 3 % des jeunes prennent leur traitement chronique. Ils s’en remettent, de préférence, aux approches ponctuelles, en cas de crise. Ce choix n’est pas sans conséquence. Les médicaments au long cours permettent en effet de préserver les fonctions respiratoires.
Bien suivre son traitement, c’est l’objet de la Journée mondiale de l’asthme, qui se tient ce 2 mai. L’adolescence est un âge clé dans ce combat contre la maladie. C’est à cette période que se jouent les dernières cartes pour limiter les répercussions à l’âge adulte. Chaque année, 1 000 personnes meurent à cause de leur asthme et 60 000 sont hospitalisés en urgence. Explications avec le Pr Christophe Delacourt, chef de service adjoint du service de Pneumologie Allergologie à l’hôpital Necker-Enfants malades (Paris).
Les adolescents traitent-ils bien leur asthme ?
Pr Christophe Delacourt : À l’adolescence, l’adhésion au traitement est souvent plus compliquée que chez l’enfant. Il faut beaucoup discuter pour faire comprendre au jeune l’intérêt d’un traitement continu, et pas simplement quand il ressent une gêne. On estime que l’observance est de 40 à 50 %, c’est similaire à celle des adultes. Mais l’adolescence reste un âge difficile. Je pense que l’une de ses particularités, c’est que l’adolescent sous–estime ses symptômes. Il s’habitue à ne pas être parfait sur le plan respiratoire, et il vit sans traitement mais avec des symptômes, ce qui l’expose au risque de crise sévère.
Quel est l’impact à long terme ?
Pr Christophe Delacourt : Cela rend le traitement ponctuel inefficace. Le soulagement est très fugace, mais il suffit à l’adolescent. Le jour où il se sent gêné, il consomme des bronchodilatateurs et revient à un état de base imparfait. Prendre un traitement va optimiser les fonctions respiratoires.
On sait que le niveau atteint en fin de croissance est un élément fondamental pour les maladies respiratoires chroniques de l’adulte. Si, jeune adulte, nos fonctions respiratoires sont diminuées, on est très à risque de développer une BPCO plus tard. C’est un objectif fondamental dès l’enfance et toujours vrai à l’adolescence.
L’adolescence représente donc la dernière fenêtre d’action…
Pr Christophe Delacourt : Exactement. On joue nos dernières cartes. La question est même de savoir s’il n’est pas trop tard. Dès que les ados arrêtent leur traitement, il y a un retour en arrière. On optimise avec le traitement mais on ne remet pas les fonctions respiratoires sur un couloir totalement autonome.
Comment convaincre un ado d’être observant ?
Pr Christophe Delacourt : Quand on arrive à les remettre dans le circuit médical, on arrive à discuter et les faire progresser dans une adhésion au traitement. Chacun a sa méthode, il n’y a pas de recette valable pour tous les adolescents. La première chose c’est d’écouter le jeune patient, sa plainte. En fonction des difficultés, on peut s’adapter.
Faire visualiser à l’adolescent le mauvais état de ses fonctions respiratoires, c’est une façon de lui faire comprendre qu’il pourrait optimiser son souffle. C’est souvent par l’activité physique qu’on peut les rattraper. Ils aiment faire de l’exercice et les limitations les gênent. Il faut donc absolument les encourager et leur montrer que leur asthme n’est pas un obstacle. Par exemple, s’il aime faire du foot, on lui dit qu’il peut être plus performant avec plus de souffle.