L’aspirine est un couteau suisse thérapeutique. Traitement de référence après un infarctus, cet anti-inflammatoire a également des vertus anticancéreuses. Une étude publiée dans Breast Cancer Research suggère qu’une prise régulière à faible dose réduirait le risque de cancer du sein.
Ces dernières années, la littérature scientifique spécialisée en oncologie a présenté un vif intérêt pour cette molécule vieille de plus de 100 ans. Avec une réduction du risque de cancer colorectal de 30 % et des chances de survie multipliées par 2, il faut dire qu’il y a de quoi s’y intéresser. Mais jusqu’ici, la preuve de son efficacité a surtout été évaluée chez des patients souffrant de cancers digestifs.
Une action anti-œstrogène
Les récents travaux de l’Institut de recherche City of Hope apportent, cette fois, la preuve que l’aspirine est aussi bénéfique pour prévenir l’apparition du premier cancer féminin. Les chercheurs se sont penchés sur cette molécule, car elle présente des similitudes avec les traitements d’hormonothérapie, appelés anti-aromatases, prescrits chez les femmes souffrant de cancer du sein. Ces médicaments sont utilisés pour limiter la concentration d’œstrogènes dans le sang.
Avec son équipe, le Pr Leslie Bernstein a suivi pendant 8 ans plus de 57 000 femmes appartenant à une cohorte d’enseignantes californiennes. Au début de l’étude, en 2005, les participantes ont été interrogées sur leurs antécédents familiaux de cancers, leur usage de l’aspirine et d’autres molécules antidouleur comme le paracétamol ou l’ibuprofène, leur vie reproductive ou encore leur mode de vie. Au cours de l’étude, 1 460 d’entre elles ont développé un cancer du sein invasif.
Pas de bénéfices pour les autres molécules
L'analyse rapporte que le risque de souffrir de cette pathologie cancéreuse est réduit de 16 % chez les femmes avalant 81 mg d’aspirine 3 fois par semaine. « Cette dose quotidienne est officiellement recommandée par the United States Preventive Services Task Force (un groupe d’experts américains, ndlr) pour prévenir les maladies cardiovasculaires et des cancers », précisent les auteurs. Une prise régulière qui diminue les risques de cancer HER2 négatif, le type le plus fréquent, de 20 %.
En revanche, ces travaux n’apportent pas de résultats probants concernant l’utilisation du paracétamol ou l’ibuprofène. Signe que ce sont bien les propriétés propres à l’aspirine qui lui confèrent ses bienfaits.
« Nous pensions que l’effet anti-aromatase de l’aspirine permettrait de réduire le risque de développer un cancer du sein, et améliorerait le pronostic des femmes malades, commente le Pr Bernstein. Mais l’aspirine réduit aussi l’inflammation, un mécanisme qui expliquerait comment l’aspirine empêche la récidive ».
Maintenant que les chercheurs ont plus d’informations sur les effets d’une faible dose d’aspirine, ils prévoient de poursuivre leurs recherches afin d’évaluer l’intérêt de cette molécule en prévention.