La chirurgie de l’obésité a concerné 30 000 patients en France en 2011, un chiffre qui a doublé en cinq ans. Réservées aux personnes atteintes d'obésité sévère, les différentes techniques sont pratiquées de manière désordonnée. De plus, des disparités régionales sont visibles. En effet, le taux d’intervention de chirurgie bariatrique varie de 1 à 3 suivant les régions sans corrélation systématique avec la prévalence de l’obésité.
Cette progression fulgurante ne pouvait pas laisser insensible l’Assurance maladie qui s’est penchée sur les « pratiques et leur pertinence ». Pour encadrer le développement de la chirurgie bariatrique, limiter la disparité des pratiques, l’Assurance maladie propose de promouvoir les recommandations officielles. La chirurgie de l'obésité concerne des personnes dont l’indice de masse corporelle (1) est supérieur ou égal à 40Kg/m2 ou compris entre 35 et 40 kg/m2 en présence de comorbidités telles qu'un diabète de type 2 ou des facteurs de risque cardiovasculaire. Mais ces indications, partagées par de nombreux pays dont la France, sont elles vraiment appropriées.
Justement, une étude scandinave, qui vient d'être publiée, permet d'évaluer la pertinence de ces critères d'éligibilité. Kajsa Sjöholm de l'université de Göteborg (Suède) et ses collègues suédois et finlandais ont comparé les données de 2 010 Suédois obèses opérés suivant différentes techniques de chirurgie bariatrique à celles de 2.037 patients comparables non opérés. Parmi les patients opérés, certains ne correspondaient pas aux critères l'éligibilité puisqu'ils n'étaient pas encore en vigueur en Suède.
Les résultats montrent que les facteurs de risque cardiovasculaires tels que le poids, le profil lipidique, la pression artérielle, la glycémie et la sensibilité à l'insuline, se sont significativement améliorés après 10 ans de suivi chez les patients opérés, qu'ils soient ou non éligibles à la chirurgie bariatrique.
De plus, la chirurgie apparaît associée à une baisse de l'incidence du diabète de type 2 après 15 ans de suivi de 67% chez les patients non éligibles et de 73% chez les patients éligibles. "Nos résultats montrent qu'un seuil strict d'IMC a un intérêt limité dans le schéma décisionnel d'une chirurgie bariatrique si l'objectif est de prévenir le diabète et d'améliorer les facteurs de risque cardiovasculaires", concluent les auteurs.
Une précédente étude avait déjà montré que l'efficacité de la chirurgie bariatrique était comparable (au regard de la mortalité, de la survenue d'une maladie cardiovasculaire, d'un cancer ou d'un diabète) quel que soit l'IMC initial.