Elu ce 7 mai, avec 66 % des suffrages, Emmanuel Macron sera le 9ème président de la cinquième république. Au cours de sa campagne, le candidat d’En Marche a fixé trois « défis à relever » en matière de santé : la prévention, l’accès aux soins et la soutenabilité financière. Son porte-parole, le Dr Olivier Véran, ancien député PS et rapporteur de la loi Santé, était sur le plateau de l’Invité Santé, le 12 avril dernier, pour détailler les mesures phares proposées par Emmanuel Macron.
Diminuer les restes à charge
C’est la mesure qui a été le plus mise en avant durant la campagne : parvenir à 100 % de prise en charge pour les lunettes, les prothèses auditives et dentaires, d’ici à la fin du quinquennat. « Les seuls Français que j’ai vus dans ma permanence parlementaire venir pour contester qu’il n’y ait pas un accès aux soins suffisant, ça concernait justement ces dispositifs, surtout les audioprothèses », relève Olivier Véran, qui revendique une « petite paternité sur la mesure ».
Regardez l'émission L'Invité Santé du 12 avril 2017 avec le Dr Olivier Véran :
Pour parvenir à ses fins, Emmanuel Macron veut mettre en concurrence les complémentaires, afin qu’elles remboursent mieux, sans augmenter le montant des cotisations. Il compte également sur une meilleure transparence du côté des producteurs de prothèses, sur lesquels il n'exclut pas d'exercer une pression, pour « retrouver un prix plus juste en protégeant mieux ».
Dans ce même esprit de réductions des inégalités, le nouveau Président souhaite renforcer le droit à l’oubli pour les anciens malades du cancer et d’hépatites. Fixé à 10 ans aujourd’hui, il veut l’abaisser à 5 ans et ajouter d’autres maladies à la liste.
Un « bon système de santé »
Lors de son discours de Nevers, en janvier dernier, Emmanuel Macron avait exprimé sa volonté de conduire « la révolution de la prévention », pour « passer d’un bon système de soin à un bon système de santé ». La réforme souhaitée par le futur Président, passe aussi par l’amélioration de l’accès aux soins, nécessaire pour réduire les inégalités. Emmanuel Macron prévoit d’investir dans les actions de prévention, en augmentant notamment la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) des médecins libéraux.
Il a également proposé de mettre en place un service sanitaire de 3 mois pour les 40 000 étudiants des filières de soin. Les futurs médecins, pharmaciens, infirmiers, etc. interviendraient dans les écoles ou les entreprises. « Cela implique que ces étudiants seront sensibilisés et formés, c’est donc une mesure doublement positive », a commenté le Dr Olivier Véran.
Emmanuel Macron est prêt à s'attaquer à un des fléaux de la santé publique : le tabagisme. Le nouveau Président rêve d'« une première génération sans tabac », et semble prêt à poursuivre les efforts déployés par le précédent gouvernement, notamment en augmentant le prix des produits du tabac.
En ce qui concerne la prévention des pathologies liées à l'alcool, le candidat s'était montré plus discret. La présence dans son équipe de campagne de la secrétaire générale de Vin et Société, qui défend les intérêts des viticulteurs, avait suscité interrogations et commentaires dans le monde de la santé publique. Sur le plateau de l'Invité Santé, Olivier Véran avait rassuré, martelant que « lorsqu'une politique sera menée, la santé publique primera toujours sur le reste ».
Renouer avec les soignants
Le nouveau Président aura fort à faire pour restaurer la confiance avec les médecins libéraux, majoritairement déçus par la loi de modernisation du système de santé, adoptée fin 2015. Ce texte avait été à l'origine de nombreuses manifestations des professionnels de santé. Les praticiens s'étaient notamment opposés au tiers payant généralisé, dont la mise en place progressive a déjà démarré. Emmanuel Macron propose lui de rendre ce tiers payant « généralisable », laissant ainsi le choix aux médecins.
L'hôpital public n'est pas oublié. Olivier Véran, lui-même médecin hospitalier, a récemment rendu un rapport sur le financement des soins hospitaliers. Il propose d'adapter la tarification à l'activité en vigueur actuellement, et qu'il estime adaptée « aux soins stéréotypés, reproductibles, techniques » mais pas aux pathologies chroniques, pourtant de plus en plus fréquentes. « Un patient de 82 ans, diabétique, hypertendu, qui vient pour une pneumopathie et qui développe une phlébite en cours d'hospitalisation, la tarification à l'activité ne veut rien dire et ne rend pas compte de la complexité du parcours », illustre Olivier Véran.
Enfin pour réduire les dépenses de santé, Emmanuel Macron prévoit de développer les maisons de répit et de suite, des lieux dédiées à la prise en charge et la rééducation des malades avant leur retour au domicile, ou des personnes atteintes de maladies chroniques. Ces structures doivent remplacer l’hôpital lorsque c’est possible. « C’est la seule façon de réduire les coûts de façon intelligente », avait déclaré Emmanuel Macron à Nevers.
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