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"Cigarette de soirée"

Le tabagisme occasionnel induit des risques cardiaques

Par Antoine Costa

Les fumeurs « mondains » souffriraient autant d’hypertension et d’hypercholestérolémie que les consommateurs réguliers de tabac.

creatista/Epictura

« Je ne suis pas vraiment fumeur, il m’arrive juste d’en taxer une ou deux en soirée ». Cette affirmation, mille fois entendue, vient d’être partiellement contredite par une étude de l’université d’Etat de l’Ohio (États-Unis), publiée dans l’American Journal of Health Promotion.

Si ces fumeurs mondains ne sont pas vraiment dépendants à la cigarette, ils souffriraient des mêmes risques cardiovasculaires, d’après les résultats des chercheurs américains. Dans chacun des groupes, environ 75 % des individus présentent en effet de l’hypertension, et 54 % des taux anormalement élevés de cholestérol.

Kate Gawlik, auteure principale de l’étude, clôt le débat : « Ne pas fumer est la seule solution. Même si le tabagisme se limite à des situations sociales, il nuit à la santé cardiovasculaire. »

Erreurs de jeunesse

Parmi les quelque 40 000 Américains participant à l’étude, 17 % se déclaraient fumeurs réguliers. À ceux-ci s’ajoutent les 10 % d’occasionnels, ce qui porte le taux de personnes à risque à plus de 27 % de la population. En France, ce chiffre monte à 32 % des 15-85 ans, et même à une personne sur deux pour la tranche 18-34 ans.

Le tabagisme occasionnel, qui concerne surtout les jeunes (entre 21 et 40 ans), renforce, d’après Kate Gwalik, le côté alarmant de ces résultats. « Dans notre étude, une personne sur dix déclare fumer de manière occasionnelle. Beaucoup d’entre elles sont jeunes, et déjà lancées sur le chemin des maladies cardiaques », s’inquiète-t-elle.

Adapter les interrogatoires en consultation

« Cette part de la population a été négligée, ajoute Bernadette Melnyk, doyenne de l’école d’infirmiers de l’université d’Etat de l’Ohio. Nous savons que le tabagisme est une addiction, mais les soignants n’ont pas pour habitude de questionner les patients sur une éventuelle consommation occasionnelle. Lorsqu’il est demandé à ces fumeurs mondains s’ils sont des usagers du tabac, leur réponse est d’ailleurs souvent négative. »

Les auteurs de l’article recommandent alors de changer la sémantique. Plutôt que de demander aux patients s’ils fument, ils suggèrent de demander la dernière fois qu’ils ont fumé une cigarette, ou s’il leur arrive d’en allumer une à l’occasion d’une soirée entre amis ou en famille.

« Il y a une place énorme d’intervention clinique, poursuit Kate Gawlik. Nous pouvons peut-être atteindre ces fumeurs avant qu’ils ne soient complètement accros ». Ce qui, souvent, finit par arriver.