La tragédie qui a frappé le gymnase Saint-Exupery de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne) a choqué t les membres du club de basket-ball de la ville. Noa, âgé de 12 ans, s’est effondré en plein entraînement ce jeudi soir. Lorsque le médecin du Samu est arrivé sur place, il n’a pu que constater le décès de l’adolescent, vers 20h10, rapporte le Parisien.
Les pompiers ont alors pris en charge ses coéquipiers, choqués d’avoir assisté à la mort de leur ami. Les réactions des autres membres de son club se multiplient sur les forums et les réseaux sociaux.
Des accidents rares
Ce n’était pas la première alerte. Dans la semaine, Noa avait apparemment déjà souffert d’un malaise, qui ne l’avait pas empêché de retourner s’entraîner. Les cas de mort subite au sport sont pourtant extrêmement rares.
« Les accidents mortels lors de la pratique sportive avant 35 ans sont heureusement exceptionnels, rappelle pour Pourquoidocteur le Pr François Carré, cardiologue et médecin du sport au CHU de Rennes. C’est difficile à calculer précisément, mais nous estimons qu’ils interviennent pour une personne sur 50 000 ou 100 000. »
Troubles du rythme
Le plus souvent, le décès est provoqué par des maladies génétiques ou congénitales. Les cardiomyopathies hypertrophiques, qui provoquent un épaississement du muscle cardiaque, et les maladies qui entraînent des troubles du rythme, sont le plus souvent la cause de ces évènements brutaux.
« L’anomalie de naissance des artères coronaires nous pose de gros problèmes de diagnostic, ajoute le Pr Carré. Les artères, qui ne partent pas du bon endroit, peuvent être comprimées lorsque le cœur bat très vite, et il est nécessaire d’effectuer au moins une échographie cardiaque pour la détecter. »
Retrouvez l'Invité santé de Pourquoidocteur avec le Pr François Carré,
diffusé le 31 mars 2016
Les visites médicales en question
La mort tragique du jeune Noa pourrait relancer le débat sur les certificats médicaux obligatoires d’aptitude au sport. Jusqu’à présent, il était nécessaire de renouveler ces certificats à chaque rentrée sportive. Mais désormais, la visite médicale ne sera plus obligatoire qu’une fois tous les trois ans – sauf en cas de changement de discipline sportive, ou pour certaines disciplines. Les années intermédiaires, les sportifs pourront se contenter de remplir un questionnaire.
L’objectif : désengorger les cabinets des médecins généralistes en septembre, afin de leur permettre de réaliser des examens plus complets. Mais le Pr Carré regrette qu’un électrocardiogramme ne soit pas demandé lors de ces visites. « Un électrocardiogramme strictement normal élimine pratiquement toutes ces pathologies, explique-t-il. Sans cela, chez un enfant, un interrogatoire ne permet de détecter que 15 % des anomalies cardiaques. »
Dans le cas de Noa, le premier malaise aurait dû alerter. « Ce n’est pas toujours évident en France, mais j’espère qu’une autopsie sera réalisée, poursuit le Pr Carré. D’une part, parce qu’elle permettrait de savoir ce qu’il s’est passé, ce qui pourrait aider à la détection d’accidents ultérieurs, mais aussi pour les éventuels frères et sœur, si l’accident s’avérait avoir été provoqué par une maladie génétique. Il est déjà arrivé de voir plusieurs accidents dans la même famille. »
Former les entraîneurs
À ce stade de l’enquête, les informations ne précisent pas si le défibrillateur cardiaque du gymnase, dont la présence dans chaque enceinte sportive a été rendue obligatoire, a été utilisé, ou aurait pu l’être. « Le défibrillateur ne peut être utilisé que si le patient présente un trouble du rythme choquable », explique le Pr Carré. Malheureusement, tous les clubs sportifs ne disposent pas d’une personne sachant l’utiliser.
Le dispositif apporte pourtant un gain réel en matière de survie. Une étude a montré que les trois villes les mieux formées aux gestes de secours, Dijon (Côte-d’Or), Montbard (Côte-d’Or) et Lille (Nord) présentent un taux de survie de près de 50 % lors de ce genre d’incident. Dans les villes non formées, il se limite entre 3 et 7 %.
« Il faut que la population soit formée, insiste le Pr Carré. Nous nous battons, en tant que médecins et cardiologues du sport, pour que tous les entraîneurs, et au moins un joueur de chaque équipe soient formés aux premiers secours. Et pourquoi ne pas sortir le défibrillateur une fois par an, et étudier son fonctionnement, qui est très simple. »
Utiliser un défibrillateur cardiaque
Les chances de survie lors d’un incident cardiaque dans un contexte sportif sont élevées, rappelle le Pr François Carré, cardiologue au CHU de Rennes. « Il est très rare que les malaises passent inaperçus, car les sportifs sont très rarement seuls ». Il est donc dommage de se priver de la connaissance d’une procédure simple, qui peut sauver des vies
Quelle est alors la démarche à adopter en cas de malaise cardiaque ? Appeler-masser-défibriller sont les trois étapes à franchir. Il faut appeler les secours rapidement, et lancer un massage cardiaque immédiatement, en moins de 3 minutes. Ensuite, le défibrillateur peut être utilisé. « Il est très simple d’emploi, assure le Pr Carré. Quand on place les électrodes sur le thorax de la victime, celles-ci détectent un éventuel trouble du rythme, l’appareil fait le diagnostic automatiquement, et indique si le choc est nécessaire ou non. »