Deux fois plus de femmes que d’hommes souffrent d’asthme à l’âge adulte. Une différence qui laissait soupçonner une influence hormonale. Une équipe française de l’Inserm et du CNRS, en partenariat avec l’université de Melbourne (Australie), a désormais identifié le mécanisme induisant cette inégalité.
Dans un article publié dans le Journal of experimental medicine, ils expliquent comment la testostérone protègerait les hommes des réactions allergiques provoquant les crises d’asthme.
Cellules lymphoïdes innées
« Nos recherches montrent que des hauts taux de testostérone chez les hommes ont tendance à les protéger du développement de l’asthme allergique, explique le Dr Cyril Seillet, chercheur à l’université de Melbourne, et l’un des auteurs de l’étude. La testostérone agit directement sur les ILC2 en inhibant leur prolifération ».
Ces cellules immunitaires produisent des protéines impliquées dans les allergies, les cytokines, en réaction à des stimuli comme la présence de pollens, d’acariens, de poils d’animaux ou de fumée de cigarette, par exemple. Moins d’ILC2 implique donc moins de réactions allergiques au niveau des poumons, et donc moins de crises d’asthme.
Nouveaux médicaments en vue
La France compterait environ 4 millions d’asthmatiques, un chiffre sans doute sous-estimé. Lors d’une crise d’asthme, les voies aériennes gonflent, et le débit d’air s’amenuise, menant à des difficultés respiratoires. Les traitements sont efficaces, mais leur diversité est limitée. Pour les asthmatiques chroniques, ils consistent le plus souvent en une prise quotidienne de corticoïdes.
Mais pour les asthmatiques les plus sévères, les recours manquent même si certaines molécules, comme l’omalizumab, déjà disponible, ou les anti-interleukines, en cours de développement, ont fait leurs preuves. La découverte de l’influence de la testostérone pourrait ouvrir de nouvelles voies de traitement.
« Elle nous fournit un nouveau mode d’action thérapeutique, en ciblant spécifiquement les cellules qui contribuent directement au développement de l’asthme allergique, estime le Pr Gabrielle Beltz, directrice du laboratoire d’immunologie moléculaire de l’université de Melbourne. Même si de plus amples recherches sont nécessaires, elle ouvre la possibilité de mimer l’action de régulation des populations d’ILC2, pour traiter et prévenir l’asthme. Des tactiques similaires, utilisant les réactions hormonales, ont déjà été utilisées avec succès pour traiter d’autres pathologies, comme le cancer du sein. »