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Médecine de ville, hôpital, voix des patients...

Election d'Emmanuel Macron : les acteurs attendent une refonte de la santé

Par Anne-Laure Lebrun

Emmanuel Macron a promis de développer la prévention et de lutter contre le renoncement aux soins. Les médecins et les patients attendent des actes. 

Thibault Camus/AP/SIPA

Favori du monde médical, Emmanuel Macron a été élu président de la République avec 66 % des suffrages. Mais cette large victoire sur Marine Le Pen ne donne pas carte blanche au nouveau chef de l’Etat. Les syndicats de médecins ont déjà prévenu qu’il devra regagner la confiance de la profession malmenée par le quinquennat de François Hollande.

Ils attentent notamment des actes en faveur d’une meilleure organisation des soins. L’InterSyndicat national des Internes (ISNI) espère qu’un souffle nouveau, voire de rupture, sera apporté sur notre système de santé. « Il faut arrêter cette dichotomie entre l’hôpital et la ville. Il faut une continuité entre ces deux secteurs,  une articulation harmonieuse », explique à Pourquoidocteur Olivier Le Pennetier, président de l’ISNI et futur médecin généraliste.

Dans leur Livre Blanc d’une dizaine de pages, les jeunes médecins jugent que ce n’est qu’au prix d’une profonde refonte que l’exercice libéral redeviendra attractif. Ils proposent par exemple de redéfinir les besoins des territoires et proposer du salariat dans les zones les plus désertiques. Ils préconisent également le développement des stages en cabinet libéral et l’accompagnement des étudiants dans leur projet professionnel.


Un hôpital exsangue

Un avis que partage le Pr Thierry Philip, président de l’Institut Curie. « Le système français est monté à l’envers. Il démarre des hôpitaux et descend vers les territoires alors que cela devrait être l’inverse. L’hôpital n’est qu’un recours coordonné avec la ville », critique l’oncologue.

Un dysfonctionnement qui pèse lourd sur les hôpitaux et favorise l’émergence d’inégalités d’accès aux soins. « Le monde hospitalier est à l’os, poursuit le Pr Philip. Les efforts financiers ont été faits et aujourd’hui, nous avons besoin d’aide et non pas d'une vision purement économique,, sinon nous n’aurons plus personne pour soigner les patients », Pour lui, l’une des priorités est de réformer la tarification à l’acte. Il faudrait la remplacer par une tarification au parcours et des tarifs favorisant l’ambulatoire.

 

Ecoutez...
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Les patients veulent être écoutés

Du côté des patients aussi, les attentes sont grandes. Anne-Sophie Joly, présidente du Collectif national des associations d’obèses (CNAO) espère également que la « révolution de la prévention » aura lieu, comme l’a promis le futur président. « Il est l’un des rares à vous écouter, à vous demander ce qui fonctionne et ce dont il y a besoin. Cela ne présume pas du futur et j’attends les actes, mais il démontre une volonté d’avancer », confie-t-elle.

Cette représentante de patients espère aussi que l’élection d’Emmanuel Macron permettra de relancer la lutte contre l’obésité dans le pays. « Les 5 dernières années y ont mis un temps d’arrêt. Donc il y a du boulot », observe Anne-Sophie Joly.

Tous attendent avec impatience la nomination du prochain ministre de la Santé. Emmanuel Macron a déjà annoncé qu’il s’agira d’un médecin, et de nombreuses rumeurs circulent. Mais quel qu’il soit le ou la futur(e) locataire de l’avenue de Ségur devra faire preuve d’écoute.

 

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