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Journée mondiale

Lupus : un nouveau protocole pour aider les patients

Par Audrey Vaugrente

Un protocole fixe l'approche thérapeutique en fonction des patients. Cela a permis d'harmoniser les pratiques.

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Un an d’attente. C’est le délai nécessaire avant de diagnostiquer un lupus. Pendant ce temps, les patients ne sont pas traités ou alors de manière imparfaite. Même après le diagnostic, les traitements ne sont pas toujours idéaux. Un protocole, récemment mis à jour, aide médecins et patients à mieux s’orienter dans la maladie. De nouvelles molécules suscitent aussi beaucoup d’espoir.

L’organisation règne

Le lupus systémique est une maladie auto-immune rare. De fait, « une étude du Centre national de référence a montré que 27 000 patients souffrent de lupus en France », chiffre le Pr Zahir Amoura. Ce professeur de médecine interne dirige le Centre national de référence sur le lupus à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris). C’est cette rareté qui a longtemps compliqué la pose d’un diagnostic. Jusqu’à la mise en place de centres de référence et de compétence.

La prise en charge des malades et leur suivi ont été grandement facilités par ces mêmes centres. « C’est ce que j’appelle la révolution silencieuse », confirme le Pr Amoura. Parmi les avancées citées par ce spécialiste du lupus, le protocole national de diagnostic et de soins (PNDS).

Ce consensus a permis de structurer l’approche thérapeutique. « Comme la maladie est très hétérogène, les médecins avaient souvent tendance à faire "leur cuisine dans leur coin", se souvient l’interniste parisien. Grâce au PNDS, les choses sont bien définies. On traite de manière plus consensuelle. » Il a été remis à jour en janvier 2017.

Deux approches combinées

Le traitement de base du lupus systémique s’appuie principalement sur des médicaments couramment utilisés : antipaludéens de synthèse, corticoïdes et immunosuppresseurs. Les premiers font office de traitement dit de fond. Cela représente un vrai bouleversement dans l’approche thérapeutique.

« Avant, on se focalisait sur l’atteinte aiguë d’organes. Maintenant, on donne un médicament qui diminue l’activité de la maladie durant presque toute la vie du patient », explique Zahir Amoura. Les immunosuppresseurs occupent ainsi une place croissante, d’autant que le risque d’infection est mieux maîtrisé.

Lorsque les poussées inflammatoires se manifestent tout de même, les médecins recourent aux traitements ponctuels qui ciblent alors les organes en souffrance. Si possible sans recourir trop souvent aux corticoïdes. « Le lupus est une maladie chronique et les corticoïdes peuvent entraîner un risque cardiovasculaire, qui est important dans le lupus systémique », décrypte le Pr Amoura.

Car c’est bien la philosophie actuelle : utiliser des molécules disponibles depuis longtemps tout en limitant leurs effets secondaires. Le résultat est là puisque la survie des malades a progressé. Elle est maintenant comparable à la population générale. « Dans les années 1950, la moitié des malades seulement était encore en vie 5 à 10 ans après le diagnostic. Le chemin parcouru est considérable avec des médicaments anciens. »

Des traitements plus ciblés

Mais ces approches ont un défaut majeur : aucune ne cible spécifiquement les mécanismes du lupus systémique. D’autres médicaments, récemment apparus, le font. C’est notamment le cas du belimumab et du rituximab, deux anticorps monoclonaux. D’autres anticorps sont en cours de développement. « Ils ciblent notamment l’interféron, une protéine qui joue un rôle délétère dans le lupus, détaille Zahir Amoura. Les anticorps sont capables de bloquer l’action de cette molécule sur son récepteur. »

Seulement, ces biothérapies sont encore réservées aux patients réfractaires, ceux qui ne répondent pas aux traitements conventionnels. Le cas n’est pas si rare : 25 % des personnes suivies pour un lupus continuent de présenter des poussées alors qu’elles sont traitées. « A l’avenir, on utilisera probablement ces nouvelles molécules plus tôt », augure l’interniste.