L’agression du Dr Pierre Goidin, généraliste à Dunkerque (Nord), a ému les internautes. Une pétition de soutien lancée par ses confrères a réuni près de 12 000 signatures en moins d’une semaine.
Le généraliste de 56 ans a violemment été agressé devant son cabinetfin avril par un groupe d’adolescents de 13 à 15 ans. Et malgré sa fracture du tibia, le Dr Goidin a repris ses consultations. « Je n’ai pas eu le choix, c’est la première fois en 25 ans que je ne trouvé pas de remplaçantes. Elles ont peur, elles ne viendront plus », a-t-il déploré.
Elan de solidarité
Sur le site de la pétition, des milliers de médecins mais aussi de patients du médecin dunkerquois ont laissé des commentaires de soutien. « Parce qu'étant moi même généraliste et ayant subi des agressions au cabinet, je suis solidaire de mon confrère. Il est temps que les pouvoirs publics se rendent compte de la réalité de terrain », écrit Marie-Eve de Launaguet.
« Nous avons choisi cette profession pour aider et non pour ce faire agresser, voir même tuer », s’émeut Fatiha d’Evreux. « Pour défendre notre profession et notre confrère des Hauts de France », signe Jacques de Croix.
Pour ces praticiens, la violente agression du Dr Goidin fait écho à leur expérience. Ils sont nombreux à ne plus se sentir en sécurité dans leur cabinet et à se plaindre d’une dégradation de la relation avec leurs patients. Des sentiments malheureusement confirmés par les rapports annuels de l’Observatoire pour la sécurité des médecins.
En 2016, 968 incidents ont été déclarés au Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM). Il s’agit du nombre de déclarations le plus important depuis la création en 2003 de l’Observatoire.
Vif sentiment d'abandon
Contacté par Pourquoidocteur, le généraliste dunkerquois déplore le mutisme politique, notamment des équipes des candidats à la présidentielle. « Personne n’a réagi. Cela aurait été un médecin des urgences, nous aurions entendu des réactions des politiques. C’est la preuve que l’agression d’un généraliste est devenu un acte banal. On peut crever la bouche ouverte tout le monde s’en fout », s’indigne-t-il.
Et c’est justement cette colère qui a poussé la CSMF du Nord de la France, premier syndicat de médecins libéraux, à lancer cette pétition. « Faudra-t-il attendre un drame plus important pour que les autorités se mettent à protéger notre confrère ? Cette pétition poursuit un premier but, soutenir notre confrère, et un deuxième, appuyer sa demande légitime d’être sécurisé », expliquent les pétitionnaires.
Pour le Dr Goidin, il en va également de la sécurité de ses patients. Lorsqu'il a été harcelé par ses agresseurs, ce sont eux qui se sont interposés.