L’éducation, plus efficace encore que la vaccination ? En République Démocratique du Congo (RDC), cela semble se vérifier pour le paludisme. Alors qu’un enfant atteint de la maladie meurt toutes les deux minutes en Afrique, une étude revient sur les moyens de prévenir cette pathologie face à laquelle les plus jeunes sont aussi les plus vulnérables, avec 70 % de la mortalité observée chez des enfants de moins cinq ans.
Des investissements massifs ont lieu dans la recherche sur des solutions de santé innovantes, observent les auteurs de ces travaux publiés dans la revue Pathogens and Global Health. Mais à ce jour, le recours à la vaccination est peu probant, puisque les vaccins ne sont efficaces qu’à 30 %.
"Vaccin social"
Ces nouveaux travaux suggèrent qu’une solution simple et bon marché pourrait s’avérer être une arme redoutable contre la malaria : l’éducation des mères de famille. Leurs actions, nées de cette éducation, pour protéger leur famille du virus peut faire office de « vaccin social » estiment les chercheurs, de l’Université de l’Alberta.
Pour parvenir à cette conclusion, les auteurs ont passé en revue les données de 647 enfants en RDC âgés de deux mois à cinq ans, ainsi que leurs parents ou tuteurs.
Ils ont également recueilli les informations familiales relatives à la démographie du lieu de vie, au statut socioéconomique du foyer, au niveau d’éducation de la mère, mais aussi à l’usage de moustiquaires et aux antécédents médicaux (maladies récentes associées à des poussées de fièvre).
Risque diminué de 50 %
L’équipe a ainsi pu déterminer que parmi les participants, plus le niveau d’éducation des mères était élevé, moins les enfants avaient de risque d’être infectés. « Il ne s’agissait pas d’un petit effet de cause, expliquent les chercheurs. L’éducation de la mère avait un énorme impact, plus élevé encore que le vaccin le plus efficace contre la malaria ».
Ainsi, parmi les 647 enfants de l’étude, 123 étaient infectés par la malaria. La prévalence du virus chez les enfants de mères non-éduquées était de 30 %, contre 17 % chez les enfants de mères ayant suivi un enseignement primaire, et 15 % chez celles qui ont poursuivi leurs études au-delà du primaire. Soit une réduction de plus de 50 % du risque.
Rares leviers
« Cela ne demande pas beaucoup d’éducation pour apprendre à une mère comment prendre de simples précautions pour prévenir le risque de malaria chez leurs enfants, notent les auteurs. Cela demande simplement de connaître l’importance d’utiliser une moustiquaire et d’aller chercher de l’aide lorsque l’enfant a de la fièvre ».
Ainsi, les auteurs insistent sur le fait que pendant l’école primaire, des messages sanitaires simples sont délivrés. Il s’agit de l’un des rares leviers dont disposent les habitants de ce pays, plongé dans la guerre depuis 1996. « Ce n’est pas le remède miracle, mais c’est une partie de la solution », concluent les auteurs en appelant les responsables politiques du pays à intensifier les efforts pour éduquer les filles et les femmes de RDC.