L’incident est rare, ses retombées gravissimes. Chaque année, 500 à 1 000 enfants font un accident vasculaire cérébral (AVC). Loin des 150 000 AVC déclarés chez les adultes. C’est justement cette rareté qui pose problème. Ces jeunes patients souffrent d’un retard diagnostique bien plus long que leurs aînés. La plupart du temps, une journée s’écoule avant que l’AVC ne soit identifié.
A l’occasion de la Journée nationale de prévention de l’AVC, les Hospices Civils de Lyon (Rhône) attirent l’attention sur ces incidents peu fréquents. Les prendre en charge est d’autant plus important qu’une filière dédiée a été mise en place en 2013.
6 établissements hospitaliers se coordonnent dans le cadre d’un Centre national de référence de l’AVC de l’enfant. Les HCL en font partie, aux côtés de 3 hôpitaux de la région parisienne (Necker, Bicêtre, Saint-Maurice), et des CHU de Grenoble et de Saint-Etienne. Leur coordination doit permettre d’optimiser la prise en charge des jeunes victimes d’AVC.
Le Dr Maryline Carneiro, neuropédiatre à l’hôpital Femme Mère Enfant de Lyon, décrypte cette affection.
Quels sont les facteurs de risque chez l’enfant ?
Dr Maryline Carneiro : Ces AVC surviennent la plupart du temps chez un enfant en bonne santé. Il n’existe pas de facteur de risque à proprement parler. Mais des terrains à risque existent. C’est le cas des enfants porteurs de cardiopathies congénitales, de maladies génétiques ou systématiques avec une atteinte des artères menant au cerveau.
Les signes d’alertes sont-ils les mêmes que chez l’adulte ?
Dr Maryline Carneiro : Effectivement, les signes d’alerte sont l’hémiparésie brutale (perte de force musculaire, ndlr), l’aphasie, les céphalées aiguës violentes. Mais dans 20 % des cas, chez l’enfant, les convulsions peuvent être le signe d’appel d’un AVC. Le retard de diagnostic est lié, d’une part, à une méconnaissance de cette pathologie chez les familles et du côté des médecins. Cela s’explique par la rareté de cette pathologie.
Peut-on limiter le risque de séquelles auprès de ce public ?
Dr Maryline Carneiro : Le risque de séquelles est estimé à 70 % des enfants. Elles sont de plusieurs types : motrices, cognitives et langagières. Elles sont classiques. On observe aussi des troubles spécifiques des apprentissages. Elles peuvent être difficiles à mettre en évidence si l’enfant n’est pas suivi régulièrement par une équipe habituée à cette pathologie.
On peut limiter ces séquelles par de la rééducation, un suivi par un spécialiste de médecine physique et réadaptation dès la sortie de l’hôpital. Cela permet à l’enfant de bénéficier des tests adaptés au long de son parcours scolaire, afin de détecter les moindres difficultés.