Ibuprofène, naproxène, célécoxib… Ces anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) soulagent les maux de tête mais affectent la santé cardiaque. Une étude canadienne parue dans le British Journal of Medicine rapporte une nouvelle fois que ces antalgiques augmentent le risque de crise cardiaque dès la première semaine d’utilisation, ou le premier mois en cas de doses importantes.
Ces molécules font partie des médicaments les plus vendus en France. L’ibuprofène est même le 2e médicament le plus délivré en pharmacie, juste derrière le doliprane et ses 500 millions de boîtes vendues en 2013. Des produits obtenus sans ordonnance qui ne sont pas anodins.
Depuis plusieurs années déjà, la littérature scientifique alerte sur leurs risques cardiovasculaires. Des travaux ont notamment montré qu’ils perturbent le rythme cardiaque, favorisent l’insuffisance cardiaque ou encore l’accident vasculaire cérébral (AVC). Mais jusqu’à maintenant, les doses et durée de traitement pouvant poser problème n’étaient pas totalement connues.
Le risque varie entre 20 et 60 %
Pour évaluer ces paramètres, l’équipe du Dr Michèle Bally de l’université de Montréal (Canada) a analysé plusieurs études scientifiques rassemblant les données de santé de plus de 446 700 personnes vivant au Canada, en Finlande et au Royaume-Uni. Près de 61 500 d’entres elles ont été victimes d’un arrêt cardiaque.
Les chercheurs se sont particulièrement intéressés à la consommation des 3 AINS les plus utilisés (diclofénac, ibuprofène et naproxène), le célécoxib et le rofécoxib (vendu sous le nom Vioxx , il a été retiré du marché mondiale en 2004 en raison d’un risque doublé d’AVC et de crise cardiaque).
Il apparaît que le risque d’infarctus du myocarde augmente dès une utilisation hebdomadaire et persiste après un mois . Celui-ci varie entre 20 et 60 % en fonction des molécules. Le « moins dangereux » semble être le célécoxib. Tous les autres affichent un risque d’arrêt cardiaque proche de 50 %, tandis que le rofécoxib se présente comme le plus risqué.
Des médicaments à éviter
Les auteurs soulignent que les risques les plus élevés ont été observés avec des hautes doses (1) et lors du premier traitement. Néanmoins, des périodes d’utilisation plus longues ne semblent pas accroître le risque. Ils soulignent toutefois que ce résultat est à vérifier car, pour leurs travaux, ils n’ont pas pris en compte les patients victimes d’arrêts cardiaques répétés. De ce fait, les durées de prescription des AINS devraient rester les plus courtes possibles, recommandent-ils.
Ces résultats viennent rappeler que ces anti-inflammatoires présentent de nombreux dangers. Plusieurs cardiologues ont appelé à une meilleure régulation de leur prescription et de délivrance en pharmacie.
L’an dernier dans un éditorial de la Société européenne de cardiologie, des spécialistes ont même appelé les médecins à ne plus prescrire le diclofénac, molécule considérée comma la plus dangereuse.
(1) Pour chaque AINS, la dose considérée comme élevée est différente : 200 mg pour le célécoxib, 100 mg pour le diclofénac, 1 200 mg pour l’ibuprofène, plus de 750 mg pour la naproxène et 25 mg pour le rofécoxib.