ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Alcool : le hit-parade des rues de la Soif en France

Rennes, Paris, Lille...

Alcool : le hit-parade des rues de la Soif en France

Par Marion Guérin

Rennes, Paris, Lille tiennent la tête du palmarès des rues de la Soif. Un classement réalisé en fonction de la concentration de débits d'alcool. 

Dans les rues de la Soif à Paris - DURAND FLORENCE/SIPA

Des bars à perte de vue. Sur les terrasses mitoyennes, les badauds s’attroupent, gobelets à la main en plastique recyclable (consignable) emplis de mauvaise bière, de piquette ou de rhum-coca-citron. Les éclats de voix et les rires fusent ; parfois, les traits des visages s’affaissent, les regards se font vitreux. C’est normal. Vous êtes rue de la Soif. A Paris, Rennes, Lyon, qu’importe : toutes se ressemblent.

Beaucoup de bars dans une seule rue. Voilà le concept, pas des plus complexes. L’allée s’anime à l’apéritif pour s’éteindre à une heure avancée de la nuit. Certains ne viennent que « picorer » : un bistrot ou deux, quelques verres. D’autres se lancent dans un « barathon » et ambitionnent de visiter tous les comptoirs. D’autres encore évitent tout simplement cette ruelle qu’ils surnomment « rue de la Gerbe », passé minuit.

Concentration d'alcool

Toute ville qui se respecte a donc sa rue de la Soif, haut lieu du la biture prisé des plus jeunes, des étudiants notamment. Fort de ce constat, un spécialiste des données a entrepris de classer ces allées en fonction de la concentration des débits d’alcool. Le résultat, mis en ligne sur le site Datamix et repéré par le journal Ouest France, livre une sorte de palmarès des rues de la Soif.

Mathieu Garnier a ainsi rassemblé les données de la cinquantaine de rues en France contenant plus de dix bars. « Le concept de la rue de la Soif étant plutôt flou, j’ai tenté de l’objectiver », explique-t-il sur Datamix. En dénombrant le nombre de bistrots et la distance à parcourir pour cheminer de l’un à l’autre, il est parvenu à établir ce classement.

Sans surprise, c’est la célèbre rue Saint-Michel à Rennes qui l’emporte, avec ses 13 bars à raison d’un tous les sept mètres. La rue de Bourgogne, à Orléans, détient le record quantitatif avec 24 débits de boisson, mais encore faut-il gravir les 22 mètres qui les séparent les uns des autres. De ce fait, la voie orléanaise n’apparaît qu’en sixième position. Derrière Rennes, on trouve la rue des Cordeliers à Bayonne (11 débits, un tous les 12 mètres), la rue de Lappe à Paris (17 débits, un tous les 15 mètres) et la rue Massena à Lille (20 débits, un tous les 18 mètres).

 

« Exemple du calcul de l’itinéraire optimal pour rentrer dans les 17 bars de la rue de Lappe à Paris : un parcours éthylique de 250 mètres, soit un bistrot tous les 15 mètres en moyenne. Rude », commente Mathieu Garnier.

De la soif au binge

Pas de quoi pavoiser pour les gagnants de ce palmarès : les rues de la Soif les plus densément dotées sont aussi celles où se pratique un binge drinking périlleux. Outre les comas éthyliques et les tristes visions d’ivresse non-maîtrisée, ces rues remplissent, sporadiquement, les rubriques faits divers des journaux. Il est alors question d’agression, de violences, parfois de morts. A chaque fois, l’alcoolisation est mise en cause, et même si elles ne détiennent pas le monopole des agressions mortelles, dans les faits, les rues de la Soif sont souvent les rues de l’Angoisse pour les forces de l’ordre et les services d’urgence des hôpitaux.