Les professions de santé attendent beaucoup du mandat du nouveau président Emmanuel Macron. Et les infirmiers ne font pas exception. Ils ont choisi la Journée internationale des infirmières pour le lui rappeler. Ce 12 mai, l’Ordre national des infirmiers interpelle directement le prochain chef de l’Etat dans une lettre ouverte, publiée dans les colonnes du Monde.
Entre suicides et agressions, la profession infirmière a été mise à rude épreuve au cours de l’année passée. Didier Borniche, président de l’Ordre, le résume bien dans sa lettre ouverte. « Notre profession souffre profondément », établit-il.
En première ligne
Le métier évolue mais pas la considération des 600 000 professionnels concernés, pas plus que l’écoute par les pouvoirs publics. Le suicide d’Emmanuelle Lebrun, le 24 juin 2016, et de tant d’autres infirmiers, est emblématique de ce mal-être.
Le nouveau président de la République semble résolu à prendre le malaise infirmier à bras le corps. Peu avant son élection, il a répondu aux demandes qui lui étaient adressées. Comme l’Ordre, le mouvement En Marche ! souhaite que les infirmiers soient mieux représentés à l’échelle nationale. Cela signifie la présence de délégués dans les instances qui fixent les stratégies de santé dans le pays.
Redonner ses lettres de noblesse à la profession, c’est aussi lui donner un rôle central. Emmanuel Macron l’a affirmé : il veut placer les infirmiers « en première ligne » des réformes qui visent les soins primaires et la santé scolaire ou professionnelle. Cela passe, évidemment, par le soutien des initiatives dans ce domaine.
La nécessaire revalorisation
Mais En Marche ! ne s’arrête pas là. Le programme présidentiel évoque, en outre, une évolution de la formation des professions de santé, afin d’harmoniser les pratiques et faciliter la coordination des soins. L’e-santé ne sera pas non plus oubliée. Les infirmiers veulent prendre part à son développement, ce qui est vu d’un bon œil par le nouveau président.
Pour bien faire, la nomenclature doit aussi évoluer. En Marche ! s’est ainsi engagé, à travers son champion, à modifier la codification des actes. L’objectif est clair : faire progresser la rémunération des infirmiers libéraux et valoriser leur participation aux actes de prévention. C’est, en effet, une plainte récurrente au sein du corps infirmier. Il ne se sent pas considéré à sa juste valeur, y compris sur le plan financier.
La profession infirmière ne se contentera pas de mesurettes dans ce domaine. La décision de la ministre de la Santé Marisol Touraine de revaloriser la prime de nuit des infirmiers a été vivement critiquée. Et pour cause : elle n’est élevée que de 1,50 euro net pour 10 heures de travail… soit 15 centimes de l’heure. De quoi irriter les plus calmes.
Retrouvez l'émission l'Invité Santé de Pourquoidocteur
avec Karim Mameri (Ordre national des infirmiers)
diffusée le 9 février 2017