Éplucher un avocat n’est pas toujours facile. S’il n’est pas assez mûr, retirer le noyau peut représenter un challenge. S’il l’est trop, la chair ramollit et complique la tâche. Ce petit désagrément du quotidien cause parfois des blessures au couteau qui peuvent s’avérer sérieuses.
À tel point que l’association des chirurgiens esthétiques britanniques en appelle aux distributeurs, leur demandant d’apposer une étiquette destinée à aider leurs concitoyens à les consommer en toute sécurité.
Les blessures sont en recrudescence outre-Manche, où le fruit vert est très apprécié. Simon Eccles, un chirurgien londonien cité par le Times, affirme recevoir en consultation quatre patients souffrant de traumatisme lié à l’avocat par semaine.
Le pouce, première victime
« En France, nous observons souvent des blessures similaires chez les personnes qui ouvrent des huitres, explique le Dr Michael Benassayag, chirurgien de la main au centre hospitalier Saint-Joseph Saint-Luc de Lyon. Et très classiquement aussi, pour tous les fruits et légumes qu’il est habituel de couper et d’éplucher directement dans la main. Chez les droitiers, c’est la main gauche qui est lésée, et chez les gauchers, c’est l’inverse. »
Le plus souvent, les couteaux dérapent dans le pouce, et sectionnent les muscles. Mais ils peuvent aussi atteindre les nerfs, les artères ou les tendons. Dans ces cas-là, la reconstruction est plus compliquée, et il faut faire appel à un spécialiste de la main, précise le chirurgien.
« Les plaies sont souvent petites en apparence, et ne laissent pas toujours présager de l’étendue de l’atteinte, ajoute-t-il. Il faut opérer en agrandissant la coupure superficielle, pour aller voir ce qu’il se passe plus en profondeur aux niveaux nerveux, artériel et tendineux. »
Des risques de complications
Et une simple petite blessure de cuisine peut laisser des séquelles. Si les artères sont sectionnées, les patients peuvent souffrir de mauvais afflux sanguin, les doigts blanchissent, des douleurs apparaissent, notamment lorsqu’il fait froid.
Si les nerfs sensitifs sont atteints, la sensibilité de la pulpe peut disparaitre. « Je dis à mes patients qu’ils ont une chance sur deux de récupérer la moitié de leur sensibilité, ajoute le Dr Benassayag. Ils sont aussi sujets à un risque de névrome, qui provoque des douleurs similaires à des décharges électriques. Mais c'est lorsque les tendons sont sectionnés que les séquelles sont les plus invalidantes. Il faut alors réparer pour éviter la perte de flexion du doigt. »
Pour éviter que la simple découpe d’un avocat n’ait des conséquences disproportionnées, des règles de base doivent être respectées : couper l’avocat (comme les autres fruits et légumes) sur une planche. Une fois les deux parties séparées, le noyau peut être retiré avec une cuillère, tout comme la peau.