La musique adoucit les mœurs. Et l’esprit des malades. Aux Etats-Unis, un programme de musicothérapie a été déployé à destination des personnes âgées souffrant de démence. Evalué pour la première fois, dans l’American Journal of Geriatrics Psychiatry, il livre des résultats plutôt encourageants. Par rapport aux approches traditionnelles, le projet Music & Memory améliore le comportement des patients.
Sur le papier, le programme n’a rien de révolutionnaire. Il consiste à proposer aux patients atteints de démence une playlist musicale personnalisée. Kali Thomas, co-auteur de l’étude, l’a testé auprès de son oncle, amateur de Merle Haggard et Johnny Cash. « Quand nous lui faisions porter ses écouteurs, sa respiration s’apaisait et son visage se détendait », explique-t-elle dans un communiqué.
Moins de médicaments
Mis en place dans plusieurs maisons de retraites américaines, le dispositif n’avait encore jamais été évalué. C’est désormais chose faite. Les chercheurs de l’Université Brown (Etats-Unis) ont observé l’évolution des résidents de 196 maisons de retraite. La moitié adhérait au programme. Au total, 25 000 personnes souffrant d’Alzheimer et de démences associées ont été passées en revue.
L’approche est simple, mais efficace. Les résidents qui ont écouté leur musique favorite prennent moins de médicament. 20 % d’entre eux ont arrêté de consommer des antipsychotiques, un taux en progression. Dans les établissements qui ont servi de contrôle, ce taux stagne à 15 %. Les anxiolytiques reculent aussi, mais dans une moindre part.
Une approche validée
A l’heure actuelle, aucun médicament ne permet de traiter efficacement la maladie d’Alzheimer et les démences associées. Antipsychotiques et anxiolytiques sont trop souvent administrés, alors qu’ils ne sont pas recommandés. Ils favorisent les chutes et les complications chez ces personnes déjà fragiles.
Alors, « les soignants cherchent des approches non médicamenteuses aux troubles du comportement provoqués par la démence », détaille Rosa Baier. La musique fait partie des plus efficaces, à la fois pour la mémoire et l’humeur. En France, plusieurs programmes de musicothérapie sont déjà mis en place.
Des effets plus larges
Si les chercheurs n’ont pas observé de variations dans les troubles de l’humeur, ils constatent moins de troubles du comportement. Il s’agit d’un élément majeur : ces troubles dégradent la qualité de vie des autres résidents, mais aussi le moral des soignants. Ce qui affecte directement les soins.
Impossible, pour le moment, d’affirmer que les améliorations constatées aux Etats-Unis sont la conséquence directe du programme Music & Memory. Mais les auteurs de cette étude font preuve d’enthousiasme. « Cela constitue une première étape dans la compréhension des améliorations qui peuvent être attribuées à ce programme », juge Rosa Baier.
Une deuxième étude est déjà prévue. Elle devrait apporter plus de précisions. En effet, elle consistera à mettre en place le projet dans des établissements n’en bénéficiant pas encore. L’état de santé des résidents sera comparé à d’autres maisons de retraite.