Les pharmaciens qui se frottaient les mains de la vente en ligne des médicaments devront revoir leur prétention à la baisse. « Le gouvernement freine la vente de médicaments sur internet », croit savoir le Figaro. Et pourtant, c’est Marisol Touraine qui avait annoncé en décembre dernier l’ouverture de ce marché sur le web. La ministre de la Santé devait alors se conformer à une directive européenne. Alors comment expliquer ce virement ? La pièce se joue en plusieurs actes.
Dans le premier, le gouvernement avait, avec l’aide de l’Agence du médicament, établi une liste restrictive de 455 produits susceptibles d’être disponibles en ligne. A l’heure ou les pouvoirs publics encouragent le bon usage du médicament, le commerce en ligne ressemblait fort à un encouragement à la consommation. Il fallait donc le réguler.
Saisi par un pharmacien de Caen promoteur de ce nouveau marché, le Conseil d’Etat jugeait sur la forme que cette liste n’avait pas de fondement légal. Elle autorisait de fait le commerce sur le web des 3500 médicaments délivrés sans ordonnance.
Mais ce deuxième acte ne sera pas le dernier. Selon le quotidien, le gouvernement concocte un code de bonnes pratiques « truffé de mesures très restrictives ». Ainsi, les pharmaciens ne pourront pas faire du dumping sur internet : les prix seront identiques à ceux pratiqués dans l’officine. Avec le coût de la livraison, la facture sera même légèrement plus élevée. Autre contrainte, le pharmacien pourra vendre sur le web uniquement ce qu’il a en stock. Autant dire que la vitrine web ne sera pas aussi alléchante que le pensaient certains. « Ces mesures sont très dissuasives », reconnaît Bruno Lasserre, président de l’Autorité de la concurrence. Et pourtant, pour ce responsable de cette instance indépendante, il n’y a pas de drame sanitaire en Allemagne ou en Grande-Bretagne pays dans lesquels ce commerce en ligne est déjà autorisé.