Alors qu’un nouveau foyer du virus Ebola a été identifié en République Démocratique du Congo, touchant 17 personnes et en tuant déjà 3, les scientifiques continuent de tirer les enseignements de la précédente épidémie. Entre 2013 et 2015, en Guinée, Sierra Leone et au Libéria, elle avait touché presque 30 000 personnes, dont plus de 11 000 étaient décédées.
Des chercheurs de l’université de Liverpool (Royaume-Uni) ont étudié les yeux de 82 survivants d’Ebola en Sierra Leone. Dans la revue Emerging Infectious Diseases, ils rapportent que chez 15 % d’entre eux, une cicatrice caractéristique est présente sur la rétine.
« La distribution de ces cicatrices sur la rétine sont la première preuve observationelle que le virus entre dans l’œil par le nerf optique pour atteindre la rétine, d’une manière similaire au virus du Nil occidental, explique le Dr Paul Steptoe, ophtalmologiste à l’université de Liverpool et auteur principal de l’étude. Heureusement, elles épargnent la partie centrale de l’œil, et la vision est donc préservée. »
Virus caché
L’œil, comme le cerveau ou la moelle épinière, est en effet une zone de repli pour le virus, qui peut y rester caché en exploitant une vulnérabilité du système immunitaire, expliquent les scientifiques. Ces organes bénéficient de ce que les médecins appellent le privilège immun, qui concerne aussi l’utérus : ils peuvent accueillir un corps étranger, sans pour autant déclencher de réaction immunitaire.
Les testicules font aussi partie des organes pour lesquels la réaction immunitaire est différente. Le virus Ebola peut donc s’y cacher. Sa présence semble en effet persister dans le sperme pendant 9 mois à plus d’un an, selon les études.
La maladie à virus Ebola provoque des symptômes soudains, non spécifiques et similaires à la grippe : fièvre, douleurs corporelles et migraines, diarrhées, vomissements, fatigue. Après quelques jours, des insuffisances organiques (reins, foie) s’ajoutent au tableau, et éventuellement des hémorragies internes, et sur les muqueuses. Elle tue dans 25 à 90 % des cas.