Longtemps réputés propres, les véhicules diesel sont désormais au cœur des inquiétudes. Le « diesel gate » a révélé les systèmes de triche élaborés par les fabricants. Les moteurs construits selon ce système sont bien plus polluants qu’annoncé. Une étude parue dans Nature ne devrait pas rassurer les âmes inquiètes depuis ce scandale. Elle chiffre pour la première fois la mortalité directement attribuable au diesel.
11 500 décès en Europe
38 000 décès prématurés : voilà la charge imputable aux véhicules diesel – poids lourds et légers confondus. Pour parvenir à ce chiffre, le Conseil international pour un transport propre (ICCT) s’est intéressé au trafic routier des 11 marchés les plus imposants, dont fait partie l’Union européenne.
Une grosse part des véhicules diesel ne respecte pas les réglementations sur les oxydes d’azote (NOx). Et la santé de la population s’en ressent. « En Europe, la mortalité annuelle liée à l’ozone serait 10 % plus faible si les véhicules diesel respectaient les normes d’émission d'oxydes d’azote », tranche Susan Anenberg, premier auteur de l’étude.
Rien que sur le Vieux continent, 11 500 décès ont été causés par les NOx en 2015. L’Union européenne se distingue par le poids dominant des voitures individuelles. Plus nombreuses sur le marché, elles ont parfois bénéficié d’incitations fiscales. En France, l’achat de tels véhicules est plus intéressant sur le plan financier, mais cela devrait bientôt cesser.
1,6 million de victimes en France
De fait, un tiers des poids lourds en circulation émettent plus de NOx qu’autorisé, tout comme un quart des véhicules légers (voitures, camionnettes, vans). Ils dégagent ainsi plus de 13 millions de tonnes de dioxyde d’azote. Soit 4,6 millions de plus qu’estimé en laboratoire.
Le coupable de ces erreurs est tout désigné. Les tests actuels ne prennent pas en compte les conditions réelles de circulation. Résultat : ils sous-estiment de 50 % les émissions réelles.
Si des méthodes plus précises étaient adoptées, les automobiles polluantes seraient 70 % moins nombreuses sur les routes du monde. Or, en France, 1,6 million de personnes sont exposées quotidiennement à des seuils excessifs d'oxydes d’azote.
Le calcul est simple. Si rien ne change, le gaz risque de provoquer 183 000 décès prématurés à l’horizon 2040. « Les émissions excessives de NOx par les diesel affectent le développement des cultures et de nombreuses pathologies humaines », résume Chris Malley. Le champ des maladies concernées est large. L’exposition à long terme aux oxydes d’azote est associée à l’émergence de broncho-pneumopathies chroniques obstructives (BPCO), d’infarctus du myocarde ou encore de cancers du poumon.