En Belgique, un couple est accusé d’avoir causé la mort de son bébé, décédé à l’âge de sept mois de déshydratation et malnutrition chronique. Les parents, pensant que leur enfant était intolérant au lactose et au gluten, l’ont nourri exclusivement au lait végétal depuis ses trois mois. Selon le procureur en charge de l’affaire, « cela revient à un refus délibéré de nourriture », peut-on lire sur le média belge 7sur7.
Les parents, propriétaires d’un magasin bio, ont expliqué que leur bébé tolérait mal le lait maternel. Ils se sont alors tournés vers du lait artificiel, qu’ils n’ont finalement pas retenu, préférant donner à leur bébé du lait végétal issu de maïs, de riz, d'avoine, de quinoa ou de sarrasin.
4,34 kilos
En juin 2014, l’enfant, pris de vomissements sévères, a été emmené chez un médecin-homéopathe. Le cabinet était situé à une heure de leur logement, mais le couple, très réticent face à la médecine classique, l’a préféré à un autre cabinet médical. Le professionnel a toutefois envoyé la famille aux urgences. Le bébé est décédé sur la route.
A l’autopsie, les légistes ont pu déterminer que l’enfant avait souffert de déshydratation et de dénutrition sévères, ayant entraîné sa mort. Le jour de sa mort, le petit garçon ne pesait que 4,34 kilogrammes, soit un poids très inférieur aux courbes de croissance.
Deux versions
Deux versions s’opposent dans ce procès. Celle du procureur, qui estime que « ce nourrisson a perdu deux kilos sans que ses parents n'agissent. Ils ont persisté à donner des alternatives au lait traditionnel. C'est de la malnutrition volontaire. Un tel comportement doit être poursuivi ». Face à ce discours, celui des parents, qui jurent ne pas comprendre ce qu'il s’est passé.
« Etre poursuivis pour refus délibéré de nourriture, je ne peux pas l'accepter. Je me levais même jusqu'à quatre fois par nuit pour nourrir mon bébé », a expliqué la mère en larmes. « A nos yeux, nous ne faisions rien de mal et avons fait de notre mieux pour soigner notre bébé », a pour sa part plaidé le père.
Une alimentation dangereuse
Ce drame familial rappelle que les laits végétaux ne peuvent pas se substituer au lait maternel pendant les premiers mois de la vie. Dans sa première année de vie, le nourrisson connaît une phase de croissance rapide. Son poids de naissance est multiplié par trois et son cerveau grossit dans les mêmes proportions. Cette période est particulièrement importante pour le développement du nourrisson, et nécessite des apports alimentaires précis.
La Société Francophone Nutrition Clinique et Métabolisme a récemment communiqué sur les dangers des laits végétaux (soja, amande, noisette, châtaigne, quinoa…) pour les nouveau-nés. Leur usage tend à se répandre mais leur administration à des nourrissons s’apparente à une forme de « maltraitance nutritionnelle », avaient insisté les scientifiques.
En effet, ces boissons végétales ne sont pas assez caloriques et présentent des apports nutritifs déséquilibrés. Elles manquent de lipides, et leur teneur en protéines et en calcium n’est pas adaptée aux besoins de l’enfant.
L’utilisation exclusive de ces boissons est donc susceptible d’entraîner des états de malnutrition aux conséquences graves, voire létales. Devant la recrudescence de problèmes de ce type, l’Agence nationale de sécurité des aliments (Anses) a émis en mars 2015 dernier un avis, qui déconseille formellement l’usage de ces laits végétaux.
Les boissons végétales sont parfois utilisées pour pallier une intolérance du bébé aux protéines de lait de vache présentes dans le lait artificiel. Dans ce cas, rappelle l’Anses, il est possible d’utiliser des préparations à base de protéines végétales (en général, de soja), mais celles-ci doivent être prescrites par un médecin et non achetées dans le commerce. Leur formule est alors conçue pour couvrir précisément les besoins du nourrisson.