Plus de mal que de bien, finalement. Loin d’atteindre la jouissance, les amateurs de pornographie se condamneraient plutôt à la frustration, à en croire une étude présentée au congrès de l’Association Américaine d’Urologie et relayée par Newsweek. Selon ces travaux, réalisés à l’université de Californie, les hommes qui visionnent fréquemment des contenus pornographiques sont plus exposés au risque de dysfonction érectile.
Pour fonder ce constat, les chercheurs sont partis d’une étude menée en 2014 au sein des forces armées américaines. Les travaux montraient que le nombre de personnes souffrant de troubles de l’érection avait explosé au cours de la dernière décennie, de 6 pour 1 000 personnes par an à 13 pour 1 000. Cette hausse était attribuée à des facteurs psychologiques plutôt que physiologiques. Les scientifiques ont remarqué que cela coïncidait avec la diffusion massive des sites pornographiques.
Un lien chez les hommes
Afin d’investiguer le lien entre l’arrivée de ces sites et l’augmentation des troubles de l’érection, les chercheurs ont interrogé par le biais de questionnaires 314 hommes âgés de 20 à 40 ans se présentant dans les cliniques d’urologie, mais aussi 48 femmes. La plupart des participants étaient des militaires en service.
Les chercheurs ont évalué deux éléments : le fonctionnement sexuel des personnes interrogées et la fréquentation des sites pornographiques. Parmi les hommes, 81 % ont déclaré avoir visionné au moins de temps en temps ces contenus ; cette proportion s’élevait à 38 % parmi les femmes.
Les troubles érectiles touchaient plus d’un homme sur quatre (27 %). Quant aux femmes, plus de la moitié (52 %) souffrait de dysfonction sexuelle – une proportion importante, liée au fait qu’il s’agissait de patients reçus en consultation d'urologie, avec une plus forte propension à souffrir de tels troubles.
Or, selon les chercheurs, plus un homme avait intégré la pornographie dans sa vie – seul ou lors de relations sexuelles –, plus il avait de risques de souffrir de dysfonction érectile. Ainsi, parmi les participants qui visionnent ces contenus lors du coït, 31 % ont des troubles de l’érection, alors que ceux qui se contentent de leur partenaire, sans vidéos X en fond, ne sont que 22 % à souffrir de tels troubles.
Plaisirs virtuels, réalité matérielle
Idem pour la masturbation : les hommes qui la pratiquent devant des films pornographiques étaient beaucoup plus nombreux (79 %) à développer ces troubles que ceux qui utilisent leur imagination. Pour les femmes, en revanche, aucun lien significatif n’a été établi.
Les auteurs précisent que ces résultats doivent être confirmés, notamment par des études en population générale – les militaires formant un sous-groupe spécifique avec des caractéristiques qui peuvent induire un biais. Toutefois, ils avancent une piste. Les contenus pornographiques induisent rapidement une forme de dépendance. Les études montrent en effet que ces vidéos génèrent plus d’addiction que les jeux d’argent.
Or, il se pourrait que les aficionados de ces sites aient des difficultés à retrouver du plaisir lors de relations sexuelles réelles. Leur circuit de la récompense, détourné en cas d’addiction, ne pourrait s’activer que face à des contenus virtuels et resterait au point mort face à des corps et des chairs palpables. D’où la « panne ».
Tout en reconnaissant les limites de leurs travaux, les chercheurs suggèrent aux urologues, aux sexologues et à tous les professionnels qui prennent en charge les troubles de la sexualité d’interroger leurs patients sur leur fréquentation des sites. En attendant, un conseil : décrochez du Net, le vrai plaisir est à portée de main, pas de clic !