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Italie : un généraliste menace de ne pas soigner les patients racistes

Par Stéphany Gardier

Certains médecins français n’avaient pas hésité à sortir de leur réserve habituelle entre les deux tours de l’élection présidentielle, appelant à faire barrage à Marine Le Pen, dont le programme en matière de santé était contraire aux valeurs de la médecine, selon les praticiens. Un généraliste italien, lui, est allé plus loin. Et l’affaire fait grand bruit de l’autre côté des Alpes : le médecin aurait décidé de ne plus soigner les patients racistes ! Une décision qui a suscité une forte vague de commentaires sur les réseaux sociaux, et aurait même partagé le pays en deux, relève France Info.

Cuneo est une ville moyenne, nichée dans le Piémont. Si la commune de 55 000 habitants se retrouve au cœur de l’actualité, c’est à cause, ou grâce, au Dr Corrado Lauro. Le généraliste aurait décidé de faire du tri dans sa patientèle. Sur Facebook, il aurait déclaré ne plus vouloir prendre en charge les personnes racistes qui se présenteraient à son cabinet.

Drôle de décision, en totale opposition qui plus est avec le serment d’Hippocrate. Mais la démarche du médecin s’explique en réalité par une autre affaire. Il a, par cette prise de position, voulu réagir à des affiches apposées dans la ville et sur lesquelles on pouvait lire : « Ceci n’est pas un conseil, c’est une menace, nous nous ne voulons pas de nègres ». Des propos racistes proférés après l’accueil par la ville d’une vingtaine de demandeurs d’asile, venus d’Afrique. Selon le Quotidien du Médecin, des habitants de Cuneo avaient menacé l’évêque de Cuneo de s’en prendre aux migrants.

Face à ces réactions qui l’ont choqué, le Dr Lauro a donc souhaité frapper un grand coup pour amener tout un chacun à réfléchir à ce que représente une discrimination. Comme il l’explique sur sa page Facebook, il ne souhaitait pas dénoncer uniquement la xénophobie affichée vis-à-vis de ces migrants, mais toutes les discriminations qui persistent au quotidien, homophobie ou antisémitisme, par exemple.

Le médecin n’imaginait cependant pas que son geste aurait un tel écho, dans le pays tout entier, mais aussi à l’international. Il a d’ailleurs publié un message le 12 mai, expliquant qu’il ne souhaitait plus répondre aux nombreuses sollicitations des journalistes, qu’il était maintenant temps pour lui d’ « éteindre les feux de la rampe » et de retourner à ses patients… quels qu’ils soient. Après 30 d’exercice de la médecine, le généraliste explique qu’il estime impossible de soigner sans signer un « pacte » d’empathie avec les patients. Il espère donc que tous ceux avec qui il devra signer ce pacte auront pris la peine de réfléchir sur leur position et leur comportement vis-à-vis d’autrui.