Ravagé par deux ans de conflits, le Yémen n'arrive pas à faire face à la flambée de choléra qui touche le pays. Les autorités de Sanaa, la capitale du pays, ont déclaré l’état d’urgence. Le système de santé est « incapable de contenir cette catastrophe », a déclaré le « ministère de la Santé » de l'administration mise en place par les rebelles chiites Houthis qui contrôlent la ville.
Depuis fin avril, la maladie s’est rapidement propagée dans tout le pays depuis la fin du mois d'avril. « Le nombre de cas suspects augmente en moyenne de 3 000 par jour, a déclaré à l'AFP Mohammed Al-Asaadi, porte-parole de l'Unicef. On est passé de 9 500 cas il y a trois jours à 11 500, puis à plus de 17 000. » Parmi ces personnes atteintes, 209 sont décédées.
Quatre patients par lit d'hôpital
« Nous sommes maintenant confrontés à une grave crise de choléra », a déclaré Dominik Stillhart, directeur des opérations du Comité international de la Croix Rouge (CICR), l'une des organisations présentes sur place.
Lors d'une conférence de presse dans la capitale, il a précisé que les hôpitaux encore en fonctionnement étaient débordés par un afflux massif de malades. « Il y a jusqu'à 4 patients atteints de choléra dans un seul lit, a-t-il déploré. Certains patients restent dans le jardin ou même dans des voitures avec leurs équipements de perfusion intraveineuse pendant de la fenêtre ».
La catastrophique situation humanitaire au #Yémen encore agravée par le #choléra. Ici un malade sous un lit dans un hôpital débordé à #Saana pic.twitter.com/fdcpmRq4nj
— CICR (@CICR_fr) 15 mai 2017
Les ONG appelées au secours
A Sanaa, les rebelles qui dirigent la capitale ont lancé ce dimanche un appel à l’aide humanitaire. « Les autorités de Sanaa fourniront toutes les facilités, soutien et coopération à toute opération » des organisations internationales, a affirmé Amine Mohammed Jamaan, qui assume les fonctions de maire, dans une déclaration citée par l'agence Saba.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) apporte également son soutien en améliorant les capacités de diagnostic. Des équipes de l’agence onusienne distribuent également des médicaments et des « kits choléra » permettant de traiter les maladies diarrhéiques et de prévenir la déshydratation.
The upsurge in #cholera cases comes as #Yemen’s already weakened health system struggles under the weight of more than 2 years of conflict. pic.twitter.com/60rUFmvgWM
— WHO Yemen (@WHOYemen) 12 mai 2017
De son côté, Médecins Sans Frontières (MSF) a mis en place des centres de traitement du choléra dans 5 hôpitaux afin d’isoler les patients et de traiter ceux qui présentent des symptômes. Présente dans une trentaine d'établissements hospitaliers du pays, l'ONG a indiqué prendre en charge des malades venant des 4 coins du pays.
Une précédente épidémie de choléra en 2016 a contaminé plus de 27 000 personnes et fait plus de 130 morts. En parallèle, les combats ont tué 8 000 personnes, fait plus de 44 500 blessés et 3 millions de déplacés depuis mars 2015. L'ONU estime que 19 millions d'habitants, soit un tiers de la population du Yemen, ont un besoin urgent d'aide humanitaire. Parmi eux, 17 millions souffriraient de la faim.