Les jeunes médecins n’inspirent pas toujours confiance. Leur manque apparent d’expérience ne rassure pas. Cette idée reçue est contredite par les résultats d’une étude de l’école de médecine de l’université d’Harvard (États-Unis), publiée dans la revue BMJ.
Les chercheurs ont analysé la mortalité dans les 30 jours de plus de 730 000 patients hospitalisés, âgés de plus de 65 ans, selon l’âge des quelque 18 800 médecins qui les ont pris en charge. Lorsqu’ils ont moins de 40 ans, elle s’élève à 10,8 %. Mais s’ils ont plus de 60 ans, ce taux monte à 12,1 %.
Un décès en plus tous les 77 patients
Si la différence ne semble pas énorme (+12 %), elle est néanmoins significative : elle représente un décès de plus tous les 77 patients traités. « C’est important cliniquement, explique le Dr Anupam Jena du Massachusetts General Hospital de Boston (États-Unis), et l’un des auteurs de l’étude. C’est comparable à la différence de mortalité entre les personnes à fort risque cardiaque qui prennent un traitement adapté, et celles qui n’en reçoivent pas. »
« Le statut de résident (équivalent américain du clinicat ou de l’assistanat dans le système hospitalier français, ndlr) aiguise les facultés cliniques des jeunes praticiens, car il les expose à un nombre important de cas, estime Yusuke Tsugawa, auteur principal de l’étude. Mais plus les médecins s’en éloignent, plus ces facultés diminuent. »
Plus de patients, moins de problèmes
Un autre désagrément a été relevé sur la pratique des médecins les plus âgés : la prise en charge générale de leurs patients est plus onéreuse, en comparaison des plus jeunes.
Pas question de faire du jeunisme médical pour autant. Les chercheurs précisent qu’entre les moins de 40 ans et les 40-59 ans, la différence n’est pas statistiquement significative. D’autre part, un nombre important de patients traités lisse la différence observée avec l’âge des praticiens.
Nous avons observé qu’il n’a aucune conséquence, du moment que les médecins traitent un volume conséquent de cas », ajoute M. Tsugawa. Cette hausse de mortalité serait donc plutôt une conséquence indirecte de la montée en grade des praticiens hospitaliers, qui voient moins de patients, et non pas liée une baisse de leurs capacités intellectuelles.
Formation continue
L’âge des médecins continue néanmoins de soulever des interrogations, soutenues par des résultats d’enquêtes montrant des faiblesses. Car si leur expérience améliore leur performance clinique, l’arrivée de nouvelles technologies et les modifications des protocoles de traitements peuvent s’avérer difficiles à suivre.
« Les médecins plus âgés apportent une richesse inestimable de connaissances et d’expérience, ajoute le Dr Jena. Mais leurs aptitudes cliniques peuvent parfois être un peu à la traîne, avec le temps. Nos résultats pointent l’importance de la formation continue des praticiens, et cela, tout au long de leur carrière, quels que soient leur expérience et leur âge. »