Un joint, un point en moins. Les adolescents consommateurs de cannabis ont moins de chances de prolonger leurs études. Avant 16 ans, la substance a un effet notable sur la réussite académique, selon une étude de l’Inserm parue dans l’International Journal of Epidemiology. En France, un lycéen sur deux a déjà expérimenté cette drogue.
Les scientifiques français ont suivi l’évolution d'un peu plus de 1 100 jeunes âgés de 25 à 35 ans. Interrogés sur leur consommation de cannabis, ils n’étaient pas inconnus de l’Inserm. Leurs parents étaient déjà participants d’une autre cohorte. Un élément précieux pour les chercheurs, qui ont pu évaluer précisément le milieu social et le parcours scolaire de ces volontaires.
Les jeunes filles plus touchées
Parmi les jeunes questionnés, la majorité a déjà touché au cannabis. 39 % reconnaissent avoir fumé à partir de 17 ans, 22 % avant 16 ans. La première bouffée est légèrement plus tardive qu’en population générale. Selon l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), l’âge de la première expérimentation se situe entre 11 et 15 ans.
Sur le plan scolaire, les adeptes tardifs de la fumette s’en sortent mieux que les initiés précoces. Commencé après 17 ans, le cannabis n’a pas d’effet majeur sur l’obtention du baccalauréat. Les volontaires concernés sont aussi nombreux à décrocher le diplôme et à poursuivre leurs études que ceux qui n’ont jamais touché à un joint.
Du côté des expérimentateurs précoces, le résultat est tout autre. Ils sont 77 % plus à risque de ne pas entrer à l’université que ceux qui n’ont jamais touché au cannabis. L’effet est particulièrement marqué chez les jeunes filles. Cette probabilité est légèrement réduite (64 %) en tenant compte des facteurs d’influence familiaux.
Le risque dépend de la dose
« La consommation précoce de cannabis peut induire des difficultés scolaires, se traduisant à terme par un niveau d’études inférieur à celui obtenu par des jeunes non consommateurs », concluent les auteurs. Mais plusieurs limites émergent de leurs travaux, à commencer par le nombre de participants. Sur les 1 103 personnes, seules 229 ont commencé tôt. L’échantillon reste donc limité.
La question de la dose est également omise. Les volontaires n’ont pas été interrogés sur la fréquence à laquelle ils absorbent du cannabis. Le nombre de joints fumés influence pourtant les résultats. D’après une étude parue en 2015 dans Hippocampus, les personnes qui ont consommé régulièrement du cannabis ont une mémoire à long terme moins efficace. Plus ils ont fumé, plus les résultats sont mauvais.
Un organe sensible
Le cerveau des adolescents, en plein développement, est particulièrement sensible aux effets du cannabis. Plusieurs travaux ont fait état de modifications dans la structure de l’organe. Les lésions se situent sur les régions impliquées dans la concentration, la motivation et la réussite scolaire.
Pour autant, la substance psychoactive n’est pas seule en cause. Comme le rappellent les chercheurs, la moitié de la population française n’est pas passée par l’éducation tertiaire. Limiter ce phénomène à la consommation de cannabis serait donc réducteur.