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Étude Inserm

Alzheimer : une carence en vitamine D multiplie le risque par trois

Par Antoine Costa

Le risque de démence est encore plus élevé lorsque le manque de vitamine D est combiné à une carence en caroténoïdes et en bonnes graisses.

Lighthunter/Epictura

La maladie d’Alzheimer touche 15 % des personnes de plus de 80 ans, et concerne près d’un million de personnes en France. Les causes de cette maladie, qui a pourtant été découverte il y a plus de 100 ans, sont encore obscures. La recherche sur les traitements avance, mais en attendant le médicament miracle, c’est aussi du côté de la prévention que l’effort est porté.

Et l'alimentation aurait un rôle non négligeable à jouer. L’influence de la vitamine D dans le développement de la maladie taraude les chercheurs depuis quelques années. Deux articles scientifiques publiés cette semaine dans la revue Alzheimer & Dementia confirment qu’une carence multiplie les risques de développer une maladie neurodégénérative.

60 % de personnes en manque

En étudiant les données de la cohorte des Trois Cités, qui regroupe plus de 2 000 personnes âgées de plus de 65 ans, débutée en 2000 et dont le suivi est toujours assuré, ils ont établi un lien clair entre les deux. Les participants avec une carence ou une insuffisance en vitamine D ont deux fois plus de risque de développer une maladie neurodégénérative, et trois fois plus de contracter la maladie d’Alzheimer.

Un résultat inquiétant, sachant que 60 % des participants de l’étude en manquaient, et que 25 % d’entre eux étaient même carencés. Et c’est encore pire s’ils manquent aussi de caroténoïdes et d’acides gras polyinsaturés, que l’on appelle communément les « bonnes graisses » (omega-3, omega-6) : dans ce cas, le risque est multiplié par quatre.

Un risque supérieur à la génétique

« Le sur-risque conféré par cette déficience multiple en nutriments liposolubles apparaît bien supérieur au risque lié à la génétique », expliquent Catherine Féart et Cécilia Samieri, deux chercheuses du laboratoire bordelais de recherche en santé publique, rattaché à l’Inserm et à l’université de Bordeaux, qui ont mené ces études.

Pour se protéger, il est donc important de maintenir ses apports à un niveau satisfaisant. Pour la vitamine D, l’exposition (raisonnable) aux rayons du soleil active la production. Mais on peut en retrouver dans de nombreux aliments. 

Poissons, huiles et végétaux

Certains, pas toujours très attirants (rognons, foie de veau, ou encore mieux, de morue), d’autres plus appréciés : sardines, poissons gras (saumon, truite), œuf. Pour les plus difficiles, ou les plus carencés, les compléments alimentaires, sous forme d’ampoule de solution buvable, restent la meilleure solution (à envisager avec son médecin).

Limiter les carences en caroténoïdes par l’alimentation s’avère plus aisé. On les retrouve notamment dans les fruits et légumes. Carottes, oranges, tomates, poivrons, pastèques, goyaves, crustacés en contiennent. Ils sont faciles à repérer, car ils sont souvent orange ou rouge. Mais les choux verts, les épinards, beaucoup de légumes vert foncé, le maïs ou les kiwis en contiennent aussi. Tout est disponible dans l’alimentation, et les compléments alimentaires ne sont, la plupart du temps, pas nécessaires.

Enfin, les acides gras polyinsaturés se retrouvent dans les huiles (colza, tournesol, maïs, noix, pépins de raisin), mais aussi dans les poissons gras (sardine, hareng, saumon). Un saumon à la provençale, précédé d'une entrée avec des carottes râpées et des tomates, et suivi d'un fruit, représente par exemple un bon menu de prévention anti-Alzheimer.