Fièvre, chocs thermiques, inflammations des muscles, bouffées de chaleur au moment de la ménopause… Ces symptômes, parmi de nombreux autres, pourraient être maîtrisés grâce à la découverte étonnante d’une équipe de l’Inserm, appuyée par des chercheurs provenant du monde entier (Allemagne, Finlande, Singapour, Beyrouth).
Dominique Chrétien, Paule Bénit et Pierre Rustin, de l’unité Inserm 1141, installée à l’hôpital Robert-Debré et de l’université Paris 7, ont montré que si la température corporelle n’excédait pas les 38 °C, localement, elle peut atteindre les 50 °C.
Super chauffage
C’est au niveau des mitochondries que le thermomètre monte. Ces composants cellulaires sont souvent assimilées aux « centrales énergétiques » des cellules. Elles sont en effet responsables de la production de l’ATP, une molécule qui fournit l’énergie nécessaire aux contractions musculaires par exemple, mais aussi à de nombreuses réactions chimiques essentielles au fonctionnement de l'organisme.
Elles permettent aussi de maintenir le corps à une température constante. « C’est comme un super chauffage, explique Guy Lenaers, directeur de recherche au CNRS, dans les colonnes du Parisien. Si vous voulez qu’une pièce soit chauffée à 20 °C, le radiateur doit chauffer plus fort ».
Remise en question des connaissances
Pour prendre la température de ces petites structures de quelques millièmes de millimètres, les chercheurs les ont colorées avec un produit fluorescent, dont l’intensité lumineuse dépend de la température. Le thermomètre lumineux a rendu son verdict : les mitochondries peuvent être plus chaudes de 10 °C que l’extérieur des cellules.
Et cette découverte a de nombreuses implications. « Les propriétés physiques, chimiques et électriques de la membrane interne de la mitochondrie, et de la mitochondrie en général, devront être réévaluées, expliquent les chercheurs dans un article scientifique paru sur Biorxiv, une plateforme de prépublication. La littérature existante ne reflète que des expériences réalisées loin de la véritable température physiologique. »