L’épidémie de choléra au Yémen est hors de contrôle. Ce vendredi 19 mai, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a recensé plus de 23 400 cas suspects, dont 252 décès dans 18 provinces du pays. A la vitesse où l’épidémie se propage, l’agence s’attend à près de 250 000 cas d’ici 6 mois. « Cette épidémie est sans précèdent », a déclaré Nevio Zagaria, le représentant de l’OMS dans le pays.
Quelques jours plus tôt, les autorités de Sanaa, la capitale yéménite, ont déclaré l'état d'urgence. Le système de santé est « incapable de contenir cette catastrophe », a déclaré le « ministère de la Santé » de l'administration mise en place par les rebelles chiites Houthis qui contrôlent la ville. Ravagé par deux ans de conflit, le pays n’a plus les infrastructures nécessaires pour faire face à cette flambée.
Présents sur place, le Comité international de la Croix Rouge (CIRC) et Médecins Sans Frontières (MSF) ont également alerté les autorités internationales. Au 18 mai, le nombre de malades pris en charge dans les centres de traitement de MSF a dépassé les 3 100. « « Il y a jusqu'à 4 patients atteints de choléra dans un seul lit, a-t-il déploré. Certains patients restent dans le jardin ou même dans des voitures avec leur poche de perfusion pendant de la fenêtre », a déploré de son côté le directeur des opérations du CICR, Dominik Stillhart.
Des infrastructures ravagés par la guerre
La maladie se transmet par l’ingestion d’eau contaminée ou d’aliments souillés par le bacille du choléra. Elle entraîne de graves troubles intestinaux provoquant une déshydratation sévère et rapide potentiellement mortelle.
Pour les autorités et les ONG sur place, la résurgence de cette maladie est le résultat de la guerre civile et la crise alimentaire qu’elle a entraînée. Au moins 17 millions de Yéménites souffrent de la faim, soit près de deux-tiers de la population.
Nevio Zagaria a expliqué que les agences des Nations-Unies se préparaient à lancer « « un plan d’urgence contre le choléra » afin de multiplier le nombre de centres de traitement. Des équipes de l’OMS transportent actuellement 32 tonnes de solutions intraveineuses, 300 lits ainsi que 32 kits choléra.
Un pays à reconstruire
Une aide d’urgence qui doit être suivie d’efforts de reconstruction, a plaidé le porte parole de l’OMS. « La vitesse [de propagation] de la maladie est trop élevée et ils ont besoin d’un appui substantiel, afin de réparer le réseau d’égouts » et de traiter et purifier le système sanitaire, a-t-il ajouté.
Une première vague épidémique de choléra a été enregistrée à partir de mars 2015. Plus de 27 000 personnes ont été contaminées et 130 personnes sont mortes. En parallèle, les combats entre les milices houthistes, proches de l’Iran, et les forces loyalistes, soutenues par une coalition dirigée par l’Arabie saoudite ont fait plus de 10 000 mort et plus de 3 millions de déplacés.