Ceux qui en consomment le plus sont ceux qui en ont le moins besoin. C’est l’analyse paradoxale qui ressort de l’étude Nutrinet-santé sur les compléments alimentaires. Pilotée par le Pr Serge Hercberg (Inserm, Conservatoire des Arts et métiers), cette cohorte incluant près de 90 000 personnes a pour but de suivre leurs habitudes alimentaires à travers des questionnaires en ligne.
28% des femmes et 15% des hommes ont recours au moins trois fois par semaine à des compléments alimentaires, principalement le magnésium, les vitamines B6 et C. Principale raison avancée, lutter contre la fatigue. 10% seulement donnent une raison fondée, par exemple pour compenser une alimentation déséquilibrée. D’ailleurs dans près d’un cas sur deux, cette consommation n’a pas été conseillée par un médecin.
Cet absence de suivi médical explique sans doute que ce sont les personnes qui ont un régime alimentaire proche des recommandations nutritionnelles (fruits, légumes, poissons) qui ont davantage recours aux vitamines. Les auteurs de l’étude soulignent que, dans ce cas, les usagers peuvent déséquilibrer leur régime et s’exposer à des risques d’interactions avec des médicaments.
Autre mise en garde qui concerne, cette fois, les fumeurs. Un sur cinq fait usage des compléments alimentaires. L’équipe du Pr Hercberg rappelle que plusieurs études ont mis en évidence un risque accru de cancer avec une supplémentation en bêta-carotène.
En clair, les complémentes alimentaires sont utiles dans des situations précises, comme la grossesse. Pour la population générale, variété et aliments sains sont la clé d’une alimentation équilibrée.