Depuis ce matin, les routes menant au Centre Hospitalier de Mayotte (CHM) sont bloquées. À l’appel de la CFDT, une cinquantaine d’agents hospitaliers ont lancé une grève illimitée ce lundi, afin de dénoncer les conditions de travail du personnel de l’établissement, engorgé par une activité croissante combinée à un manque de personnel.
Cet unique hôpital, situé à Mamoudzou, ville principale du 101e département français, compte plus de 2 000 professionnels. Il souffre d’un manque d’effectifs pour faire face à l’augmentation du nombre de patients lié à la croissance démographique de cette île de l’Océan Indien. La maternité notamment, fonctionne à plein régime, en partie en raison de l’afflux de femmes venant pour accoucher des îles avoisinantes, notamment Madagascar.
La directrice chahutée d’entrée
« Nous demandons l’annulation de la nouvelle réorganisation des services, à travers laquelle la direction déplace les agents en fonction de ses besoins, a déclaré au Journal de Mayotte Balahachi Ousseni, le secrétaire général de la CFDT, et représentant du personnel du CHM. Nous avons demandé un état des lieux des effectifs dans les services et du recrutement, mais nous ne l’avons pas obtenu, en dépit des engagements de la direction. »
Il y a un mois à peine, Catherine Barbezieux avait repris la direction de l’hôpital, à la suite du départ de l’ancien directeur, Étienne Morel, pour l’agence de santé de Wallis-et-Futuna. Deux réunions entre la direction et les représentants du personnel s’étaient tenues la semaine dernière, après la publication d’un préavis de grève, le 12 mai dernier. Pas suffisant pour les grévistes, qui réclament déjà son remplacement.
« Elle s’était engagée à fournir une synthèse de cette réunion avec les avancées touchant notamment la réorganisation du personnel, mais nous n’avons rien reçu, explique l’un d’entre eux. Nous voulons avant tout des mesures en personnel à la hauteur des besoins ».
Catherine Barbezieux, qui a pris la parole face au blocus, a expliqué avoir envoyé cette note par mail vendredi dernier, à 18h. Trop tard pour les grévistes, qui n’étaient alors plus devant leurs ordinateurs, ont-ils fait savoir…
Désert médical
Outre les méthodes de management et le quiproquo sur cette note de synthèse, la CFDT entend mettre la pression sur la nouvelle directrice, dès le début de son mandat, pour qu’elle agisse dans le sens d’une amélioration des conditions de travail du personnel hospitalier, et donc de prise en charge des patients.
Il demande donc un réel programme de développement de l’offre de soins, avec des effectifs permanents à la hauteur des besoins de l’île. Mayotte est en effet un désert médical : elle ne compte que 58 généralistes et 40 spécialistes pour 100 000 habitants, contre 156 et 183 respectivement, en métropole.
La grève et le blocage continuent donc, même si la direction du centre hospitalier a prévu de recevoir les grévistes ce mardi.