« Un verre de vin rouge par jour, c’est bon pour le cœur ! ». Ceux qui profèrent cette contre-vérité ne le font pas forcément de mauvaise foi, ni pour se donner bonne conscience. Simplement, ils y croient dur comme fer. Et pour cause : cette croyance populaire a bercé la société française et ses nombreux amateurs de vin pendant des décennies. Bien des médecins sont tombés dans le panneau des bienfaits supposés du resvératrol contenu dans le raisin et de ses produits dérivés. La science les y a aidés, elle qui a réussi à démontrer ces bienfaits dans des études publiées dans les revues les plus sérieuses.
Mais la science a vocation à se contredire et les connaissances médicales, à évoluer. Scrutées d’un peu plus près, les études qui concluent aux bienfaits d’une consommation modérée d’alcool sur la santé cardiaque ne seraient pas vraiment probantes, selon une nouvelle méta-analyse publiée dans la revue Journal of Studies on Alcohol and Drugs.
Faux abstinents
Les auteurs ont réuni 45 études de cohorte mettant en avance une moindre mortalité liée aux maladies cardiaques chez les consommateurs modérés à partir de 55 ans. Pour évaluer les bienfaits, les participants de ces travaux étaient divisés en deux groupes : les abstinents et les « petits » buveurs (deux verres par jour).
Or, selon les auteurs de la méta-analyse, les abstinents étaient en fait d’anciens malades qui avaient dû stopper leur consommation d’alcool pour des raisons de santé ! Résultat, ces abstinents avaient effectivement plus de risque de développer une pathologie cardiovasculaire, eux dont l’organisme avait déjà été fragilisé par la maladie.
Par ailleurs, la littérature a montré que les personnes âgées en bonne santé ont tendance à boire moins que les personnes âgées malades. Leur consommation est donc modérée, mais ce n’est pas ce qui leur assure leur bonne santé… Ce serait plutôt l’inverse !
"Scepticisme"
Enfin, selon les chercheurs, lorsque le suivi s’étalait sur une longue période (avant 55 ans), le détail des travaux montrait que les fameux abstinents ne l’avaient pas toujours été. Bien souvent, ils avaient bu pendant leur jeunesse et n’étaient devenus abstinents que sur le tard. Ce qui constitue un biais de taille.
L’étude ne conclut pas à la toxicité d’une consommation modérée, mais bien à l’absence de bénéfice, selon les chercheurs qui soulignent leur « scepticisme quant à l’hypothèse qu’une consommation d’alcool avoir un effet protecteur sur le cœur ». Les chercheurs recommandent ainsi de mettre en place des études prospectives sans biais sur les abstinents et les parcours des participants.
Un risque de cancer du sein dès un demi-verre de vin
Voilà qui devrait achever de convaincre sur la nécessité de ne pas boire tous les jours… Un demi-verre de vin quotidien est associé à une augmentation du risque de développer un cancer du sein, selon un rapport du World Cancer Research Fund, qui montre toutefois que l’activité physique peut réduire ce risque.
En fait, selon l’organisation, le cancer du sein est affaire de 18 facteurs ; l’alcool en fait partie, même en toute petite quantité… Le message sanitaire est donc le suivant : boire un peu de temps en temps représente un risque très faible, mais la consommation quotidienne, même très faible, augmente significativement ce risque.