Burn-out : « sujet à débat et à controverse ». Dans ses nouvelles recommandations, la Haute Autorité de Santé (HAS) prévient qu’elle s’attaque à une houleuse question. Mais il s’agit d’aller « au-delà » de ces débats pour favoriser la prise en charge d’un mal bien réel, qui toucherait trois millions de personnes en France.
De fait, le « syndrome d’épuisement professionnel peut avoir des conséquences graves sur la vie des personnes et nécessite une prise en charge médicale », souligne la HAS. Mais ce syndrome, de par ses manifestations diverses et transversales, peut être difficile à repérer. Il est « parfois diagnostiqué à tort ou confondu avec d’autres troubles psychiques » et ainsi traité de manière inadéquate.
Repérer les signes
D’où la nécessité de recommandations afin d’aider les médecins traitants et les médecins du travail à diagnostiquer le burn-out, le prendre en charge de façon adaptée et accompagner le retour au travail.
Dans un premier temps, il s’agit de « repérer les manifestations du burn-out », alors même qu’elles peuvent différer d’un individu à l’autre, s’installer progressivement et ressembler à celles liées à d’autres troubles psychiques ou physiques.
« Ces principaux symptômes sont aussi bien d’ordre émotionnel (anxiété, tristesse, hypersensibilité, absence d’émotion...), cognitif (troubles de la mémoire, de l’attention, de la concentration...), comportemental ou interpersonnel (isolement social, comportement agressif ou violent, diminution de l’empathie, comportements addictifs...), motivationnel (désengagement, remise en cause professionnelle, dévalorisation...) que physique (troubles du sommeil, troubles musculo-squelettiques, gastro-intestinaux...) », relève la HAS.
Analyser les conditions de travail
Le médecin devra donc identifier toutes ces manifestations avant d’écarter l’hypothèse d’une maladie physique. Puis, il « faudra juger de leur sévérité et évaluer en priorité le risque suicidaire », préconise la HAS.
Les professionnels de santé sont également invités à analyser les conditions de travail et les facteurs individuels afin d’établir le bon diagnostic. Les symptômes repérables n’étant pas spécifiques au burn-out, le médecin doit examiner en profondeur les conditions de travail de son patient (intensité et organisation du travail, exigences émotionnelles, autonomie et marge de manœuvre, relations dans le travail, conflits de valeurs, insécurité de l’emploi).
Il est également sommé de s’intéresser au vécu du patient, à ses antécédents personnels et familiaux (notamment antécédents dépressifs), aux événements survenus dans sa vie personnelle, au soutien dont il dispose dans son entourage, et au rapport qu’il entretient avec le travail.
« La confrontation de ces différentes analyses permettra d’établir ou non le diagnostic de burn-out. Cela permettra en effet de le différencier d’autres troubles psychiques (dépression, troubles anxieux, stress post-traumatique) ou d’établir qu’ils coexistent avec lui. L’aide d’un psychiatre pourra être sollicitée à cette étape ».
Personnaliser la prise en charge
La HAS insiste sur la nécessité de personnaliser les soins, en essayant de ne pas avoir recours systématiquement aux antidépresseurs. « La prise en charge du burn-out doit être individualisée en fonction des manifestations constatées, des éventuelles pathologies associées identifiées, de l’historique du patient et de son travail ».
Cette prise en charge repose sur un arrêt de travail, « dont la durée est adaptée à l’évolution du trouble et au contexte socio-professionnel », la combinaison d’interventions psychothérapeutiques ou psychocorporelles (thérapies cognitivo-comportementales, relaxation, médiation pleine conscience,…), un éventuel traitement médicamenteux, notamment par antidépresseurs, « mais uniquement si le burn-out est associé à des troubles anxieux ou dépressifs ».
Préparer le retour au travail
Enfin, il faut anticiper et préparer le retour au travail. « L’analyse du poste et des conditions de travail permettra de mettre en place d’éventuelles actions de prévention individuelle et/ou collective ».
Avant le retour au travail, la HAS recommande d’organiser une ou plusieurs visites de pré-reprise avec le médecin du travail. A l’issue de la visite de pré-reprise, le médecin du travail pourra recommander « des aménagements ou adaptations du poste de travail, voire des mesures visant à faciliter le reclassement du salarié ou sa réorientation professionnelle ».