Alarmant. Aux Etats-Unis, 73 % des écrans solaires sur le marché sont inefficaces, voire dangereux. L’alerte provient de l’Environmental Working Group. Comme chaque année, l’ONG environnementale a passé en revue les 1 500 crèmes solaires et sticks disponibles dans le pays. Outre les arguments trompeurs, les fabricants utilisent trop souvent des produits dont les effets néfastes sur la santé sont connus.
Une législation trop molle
L’EWG met en cause les règles trop souples de l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux, la FDA. « Les écrans solaires ne s’amélioreront pas tant qu’elle ne met en place des règles plus stricte », avertit Sonya Lunder analyste de l’EWG.
Depuis 2011, l’autorité sanitaire a renforcé les conditions de mise sur le marché des écrans solaires. Ainsi, l’indice de protection (SPF) est plafonné à 50+. Au-delà, rien ne prouve que la défense face aux rayons ultraviolets sera plus efficace. Les filtres contre les UVA, quant à eux, sont très peu contrôlés.
Aux yeux de l’ONG, la FDA se montre encore trop timorée sur les produits utilisés. Dans son viseur, notamment, l’oxybenzone, un produit chimique qui fait office de filtre contre les UVB. Allergène connu, il a aussi des effets néfastes sur le système endocrinien. L’inquiétude est justifiée puisque ce composant est particulièrement bien absorbé par la peau.
Le palmitate de rétinyle, une forme de vitamine A, fait lui aussi l’objet d’une attention accrue. Cette substance antioxydante est censée ralentir le vieillissement de la peau. Mais des études fédérales ont suggéré qu’elle favorise le développement de tumeurs lors d’une exposition solaire. Et pourtant, malgré ces soupçons croissants, la FDA ne semble pas disposée à restreindre les autorisations.
L’Europe plus stricte
En matière de protection solaire, l’Union européenne fait figure de modèle. Une directive centrale régule les éléments affichés sur les emballages, mais aussi les produits utilisés. Résultat : selon les calculs de l’EWG, la moitié des écrans solaires américains ne pourrait pas être commercialisée sur le marché européen. Il faut dire que, depuis 2006, une protection contre les UVA et les UVB est exigée.
Il faut dire que le Vieux Continent se montre plutôt sévère sur la qualité des produits et les allégations. Les filtres contre les UVA, par exemple, ne peuvent être présents sur l’étiquette que sous des conditions strictes. La protection doit correspondre, au minimum, à un tiers du SPF. Ce n’est qu’à ce prix que l’argument est autorisé.
A défaut d’une réglementation plus exigeante, l’EWG appelle les consommateurs à prêter plus d’attention aux produits qu’ils achètent. Eviter les additifs néfastes, le palmitate de rétinyle et l’oxybenzone est une étape clé. Mais les sprays doivent eux aussi être esquivés. S’ils pulvérisent une couche épaisse d’écran solaire, celle-ci n’est pas toujours uniforme.
Les conseils des dermatologues
La protection solaire doit être adaptée en fonction des risques liés à l’exposition. La couleur de peau, notamment, et un indice clé. « Plus le phototype est faible, plus le sujet doit se protéger du soleil », explique le Syndication national des dermato-vénérologues (SNDV). Les expositions les plus fortes se retrouvent sur la plage ou près des tropiques.
L’utilisation d’une protection appropriée est recommandée, mais cela ne suffit pas. La quantité appliquée doit aussi être suffisante et régulièrement renouvelée. Le SNDV recommande de varier les formes en fonction des zones du corps à protéger : plutôt des crèmes pour le visage, des sticks pour lèvres, nez et contour des yeux, laits ou gels sur le corps.
En complément de ces écrans solaires, éviter le soleil est vivement conseillé aux heures de pic (entre midi et seize heures). Le port de vêtements couvrants est également une mesure efficace.