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Tests ADN

Pays-Bas : le directeur de la banque de sperme aurait au moins 19 enfants

Par Ambre Amias

Dans le procès posthume de Jan Karbaat, des tests ADN ont montré un lien de filiation entre 19 de ses enfants potentiels.

Dave Herholz/Flickr

L'ancien directeur d'une banque de sperme néerlandaise, décédé en avril dernier, et qui aurait remplacé le sperme de donneurs par le sien, fait l'objet d'un procès intenté par ses probables enfants biologiques. Et un nouvel élément à charge contre le défendeur vient renforcer les convictions des 23 plaignants dans le procès contre Jan Karbaat.

Un laboratoire a effectué une analyse de l'ADN de 19 personnes issues de la clinique. En les comparant à celui de l'un des enfants légitimes du Dr Karbaat, qui s'était porté volontaire, ils ont pu établir avec certitude ce lundi un lien génétique de demi-frères et demi-sœurs entre les 20. Le délit du défendeur fait donc de moins en moins de doute, et le verdict attendu le 2 juin prochain devrait statuer en faveur des plaignants.


Tromperie sur la marchandise

« C’est un droit fondamental de savoir d’où l’on vient », avait déclaré Tim Bueters, un avocat néerlandais, qui défend les 23 personnes nées depuis les années 1980, dans leur combat pour déterminer l’identité de leur père biologique. Ils reprochent à Jan Karbaat d’avoir trompé ses clients, leurs parents, en remplaçant le sperme des donneurs qu’ils avaient choisi par le sien.

« Il n’y a même pas le début d’une preuve que M. Karbaat a lui-même été le donneur », avait lancé l’avocate de sa veuve. Avant de mourir, l’homme s’était en effet protégé. Il a stipulé dans son testament l’interdiction de procéder à des prélèvements ADN sur sa personne.

C'était sans compter sur la générosité de son propre fils, et sur la justice, qui a elle aussi contourné le problème. Le 2 mai dernier, en plus des analyses ADN comparatives avec son fils légitime, des objets avaient été saisis à son domicile par un huissier de justice, et des analyses pourraient être effectuées sur une brosse à dents, ou d’autres effets personnels.

Un don pour l’humanité

L’ancien directeur de cette banque de sperme de Rotterdam (Pays-Bas), aurait avoué avec fierté en 2010 à l’une des plaignantes, Moniek Wassenaar, qu’il avait parfois utilisé son propre sperme.

« Il était en bonne santé et intelligent, il pouvait donc partager un peu de ses gènes avec le monde, a-t-elle récemment déclaré dans la presse néerlandaise. Il voyait cela comme quelque chose de noble. » Il aurait même avoué avoir répété l’opération une soixantaine de fois.

Et ce n’est pas le seul élément à charge contre le géniteur en série. Son centre médical a été fermé en 2009 pour des irrégularités administratives et de nombreuses plaintes. M. Karbaat aurait falsifié des documents sur les donneurs, notamment sur leurs descriptions, et outrepassé le nombre maximum de six enfants par donneur.

Nécessité thérapeutique

Cette histoire rappelle celle d’un médecin américain, le Dr Donald Cline qui, à 77 ans, a été accusé l’année dernière d’avoir inséminé jusqu’à 50 personnes de sa clinique avec son propre sperme. En 2014, l’une des bébés éprouvette avait tenté de connaître sa filiation, et s’était rendue compte d’un lien génétique avec huit autres personnes issues du même établissement.

En France, le don de sperme est anonyme et gratuit. Le droit n’autorise la diffusion d’informations sur le donneur qu’en cas de « nécessité thérapeutique ». Concrètement, cela signifie que si un donneur développe tardivement une maladie génétique rare, cette information pourra être transmise aux enfants nés de ses gamètes.

De même, si un enfant receveur développe une maladie héréditaire récessive, le CECOS (Centre d'étude et de conservation des œufs et du sperme humains) peut en informer le donneur, pour qu’il fasse tester ces propres enfants, comme l'explique Jean-François Guérin, président de la commission d'éthique des CECOS.