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Formes sévères

L'obésité infantile augmente le risque de dépression à l'âge adulte

Par Antoine Costa

Souffrir de surpoids ou d'obésité durant l'enfance augmente le risque de développer des symptômes dépressifs à l’âge adulte.

dementevajulia/Epictura

Un tiers des enfants européens est en surpoids. Une étude de la DREES, portant sur des élèves de CM2, a montré que plus de 18 % de ces enfants français d’une dizaine d’années portent une surcharge pondérale, et que près de 4 % d’entre eux sont obèses. Un problème de santé publique, notamment sur la santé cardiovasculaire et le diabète. Mais pas seulement.

Une étude présentée par Deborah Gibson-Smith, de l’université libre d’Amsterdam, lors du Congrès européen sur l’obésité, a établi un lien significatif entre l’obésité infantile et le risque de développer une dépression sévère à l’âge adulte. Les enfants dont l’indice de masse corporelle (IMC) est supérieur à 30 entre 8 et 13 ans développent en effet trois fois plus de symptômes que les autres.

La différence dans l’enfance

Pour arriver à ces résultats, les chercheurs ont étudié les données de 889 adultes, dont la moyenne d’âge était de 75 ans, issues d’une étude entamée en 1967 sur une population islandaise, et dont le suivi est toujours assuré.

Peut-être plus inquiétant encore, compte tenu du chiffre sur la balance des jeunes Européens, les adultes en surpoids présentent quatre fois plus de risques s’ils étaient en surpoids et obèses (IMC supérieur à 25) dans l’enfance, par rapport à ceux qui avaient un poids normal. C’est donc bien dans l’enfance que la différence se fait.


La piste génétique

« Nos résultats suggèrent que certains des mécanismes unissant le surpoids et l’obésité à la dépression résident dans l’enfance », expliquent les auteurs de l’étude. Ils avancent l’idée d’un problème dans le développement de l’estime de soi chez les enfants et les adolescents.

« Compte-tenu de la hausse de l’obésité chez les adolescents et l’influence grandissante des réseaux sociaux sur l’image corporelle, il devient critique de comprendre ce qui relie l’obésité infantile et la dépression », ajoutent-t-ils.

Mais outre les problèmes d’image, une autre hypothèse émerge. Un risque génétique commun entre les deux est évoqué par les chercheurs.

Moins d’enfants en surpoids en France

En 2013 dans le monde, 42 millions d’enfants de moins de 5 ans étaient obèses, d’après les chiffres de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Si la tendance se poursuit, le chiffre pourrait atteindre 70 millions en 2025.

En France, le surpoids et l’obésité continuent de progresser dans la population générale. Entre 1997 et 2012, le nombre d’adultes obèses a augmenté de 76 %. Mais du côté des enfants, une amélioration faible, mais constante, se dessine. D’après les chiffres de la DREES, le surpoids a baissé de 2 points chez les élèves de CM2 entre 2015 et 2002. Du côté de l’obésité, la tendance est similaire : elle s’élevait à 4,2 % en 2002, et atteint aujourd’hui 3,6 %.