Kilian Jornet est né il y a 29 ans en Espagne, sur la planète Terre. Ses capacités physiques sont pourtant surhumaines. En seulement 26 heures, le sportif a gravi le mont Everest, qui culmine à 8 848 mètres. Le tout sans bouteille d’oxygène ni corde fixe. Un véritable exploit, même pour celui que le monde surnomme « l’ultra-terrestre ».
L’ascension de l’Espagnol est exceptionnelle à plus d’un titre. D’abord, sur les milliers de personnes qui ont atteint le sommet de l’Everest, « une trentaine se sont passées de l’aide de l’oxygène artificielle », selon France Info.
Le mal des montagnes
Au-delà de 3 500 mètres d’altitude, l’oxygène se fait plus rare dans l’air. L’organisme doit alors s’adapter pour continuer d’alimenter les muscles et les organes. Ventilation et rythme cardiaque s’accélèrent. Dans le même temps, le sang s’enrichit en globules rouges et s’épaissit.
Conséquence de cette réaction physiologique, le mal des montagnes peut se manifester. Oedèmes, maux de tête, nausées ou encore perte d’appétit en sont les principaux symptômes. Plus l’ascension est rapide, plus le risque d’en souffrir est élevé. Ce qui rend l’ascension de Kilian Jornet d’autant plus impressionnante.
Mais c’est à partir de 4 000 mètres que son record devient plus risqué. Au-dessus de cette altitude, le risque d’oedèmes pulmonaire ou cérébral est élevé. Il est alors conseillé de ralentir l’ascension. Ce que l’Espagnol n’a pas fait. « Jusqu’à 7 700 m, je me sentais vraiment bien, raconte-t-il sur son blog. Mais j’ai commencé à me sentir barbouillé, probablement à cause d’un virus dans l’estomac. »
La zone de la mort
Pourtant, même après 8 000 mètres, l’ultra-terrestre a continué son défi. Il a franchi ce que les alpinistes appellent « la zone de la mort », où un mal aigu des montagnes risque de survenir.
Malgré ces obstacles, Kilian Jornet a choisi de se compliquer encore un peu la tâche. Au lieu de commencer l’ascension par le versant népalais, il s’est attaqué à la face tibétaine de l’Everest. Pour un alpiniste chevronné, trois à cinq jours sont nécessaires avant d’atteindre le sommet. Avec cet exploit, l’Espagnol boucle son projet Summits of my life qui lui a permis de battre des records de vitesse lors de l’ascension des plus hauts sommets de chaque continent.
Cette résistance est hors du commun chez des personnes vivant à de faibles altitudes. La capacité à évoluer sous un air rare en oxygène est plutôt l’apanage des Sherpas, une ethnie originaire du Toit du monde. Une équipe britannique vient d’expliquer pourquoi, dans la revue de l’Académie américaine des sciences, PNAS.
Les surhumains Sherpas
Les Sherpas sont, en quelque sort, une machine de production d’énergie ultra efficace, optimisée pour fonctionner quand l’oxygène se raréfie. De fait, leur organisme fonctionne différemment des populations des plaines, en partie grâce à des modifications génétiques spécifiques.
Les chercheurs de l’université de Cambridge (Royaume-Uni) ont constaté cette supériorité sur place. 10 d’entre eux ont entamé une ascension de l’Everest accompagné de 15 représentants de la population Sherpa. Avant de grimper sur le plus haut sommet, tous ces volontaires ont réalisé des prises de sang et des biopsies musculaires.
A faible altitude, les Sherpas ont déjà des mitochondries plus efficaces. L’oxygène est utilisé de manière optimale afin de produire l’ATP, la protéine qui permet aux muscles de se contracter correctement. Cette tribu a aussi tendance à brûler moins de graisses pour obtenir autant d’énergie qu’un habitant des plaines.
Mais sur les sommets, c’est la phosphocréatine qui fait toute la différence. Cette molécule, utilisée pour régénérer l’ATP quand celle-ci disparaît, augmente chez les Sherpas tandis qu’elle chute chez les autres. Cette tribu des hauteurs a aussi moins de radicaux libres, qui endommagent les tissus.