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Euro 5 et 6

Dieselgate : le nombre de véhicules "sales" aurait augmenté en 2016

Par Marion Guérin

En 2016, 35 millions de voitures équipées d'un moteur diesel émettant plus de trois fois les seuils d'oxyde d’azote ont roulé sur les routes européennes, selon une étude. 

suaphoto/epictura

Le « Dieselgate » ? Beaucoup de bruit, aucune conséquence. Même pas le début du commencement d’un frémissement, d’un mouvement contre les voitures les plus polluantes. Au contraire : le marché européen des moteurs « diesels sales » (dirty diesels) se porte particulièrement bien, à en croire une analyse menée par Transport & Environment.

L’ONG, dont les rapports sont scrutés de près par la Commission Européenne, a étudié de près la circulation des voitures équipées de moteurs diesel sur le Vieux Continent. Le qualificatif « sale » renvoie aux moteurs estampillés Euro 5 et Euro 6 dont les émissions d'oxyde d'azote excèdent d’au moins trois fois les normes fixées par l’Europe.

Six millions de plus sur les routes

Or, selon l’étude de Transport & Environment, 35 millions de voitures équipées d’un tel moteur ont circulé sur les routes européennes en 2016. Cela représente un surplus de six millions d’automobiles en circulation par rapport à l’année précédente.

L’Allemagne est le pays dans lequel l’augmentation de la circulation des « dirty diesel » semble la plus probante, avec 6,5 millions de voitures supplémentaires sur ses routes. Le Royaume-Uni, l’Italie et l’Espagne lui emboîtent le pas.


"Aucune action efficace"

Vingt mois après le scandale de la tricherie sur les moteurs diesel, visant d’abord Volkswagen puis de nombreux autres constructeurs, aucun levier ne semble avoir permis d’endiguer la circulation de ces voitures très polluantes.

« Il n’y a pas eu d’action efficace, comme le rappel ou le retrait d’agrément, sur ces moteurs qui continuent impunément de polluer l’air en milieu urbain, notent les rapporteurs. En fait, leur nombre augmente tous les jours et de plus en plus de ces modèles polluants sont mis en vente ».

7000 décès prématurés

Selon une étude publiée dans la revue Nature et évoquée dans les travaux de l’ONG, les dépassements excessifs des seuils d’oxyde d’azote sont à l’origine de 7000 morts prématurées en Europe en 2015. Globalement, les émissions d’oxyde d’azote seraient responsables de 70 000 décès par an, selon les estimations scientifiques.

Les auteurs dénoncent l’ « inaction de l’Europe », jugée « choquante », alors qu’Outre-Atlantique, des mesures ont été instaurées pour éliminer ces moteurs. « L’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) a sévèrement puni Volkswagen et engage maintenant des poursuites à l’encontre du groupe FCA (Fiat Chryseler Automobiles), soulignent-ils. Mais le scandale du Dieselgate, toujours en cours en Europe, a mis en évidence l’incapacité ou le manque de volonté des 28 régulateurs nationaux de l’automobile à s’attaquer efficacement aux infractions et tromperies de l’industrie. »