L'essai hors normes se poursuit à Fortaleza, au Brésil. L'hôpital des grands brûlés de cette ville portuaire a recruté 56 personnes pour tester un nouveau pansement. A la place des bandages habituels, les grands brûlés sont recouverts... de peaux de poisson. De tilapia, plus spécifiquement. Les scientifiques expérimentent les effets de la peau de cette espèce très consommée pour soigner les brûlures.
Une technique rentable
Pour le moment, l'essai clinique se déroule plutôt bien. Chez les patients souffrant de brûlures superficielles au second degré, les médecins appliquent la peau de poisson stérilisée sur les brûlures, et la laissent en place jusqu'à la cicatrisation naturelle. Dans le cas d'une brûlure au second degré profonde, les bandages de tilapia doivent être changés plusieurs fois durant les semaines de traitement.
Mais si les bandages classiques faits de gaze et de pommade hydratante doivent être changés tous les jours au prix de très grandes douleurs, la peau de tilapia peut rester en place plus longtemps. Elle permet aussi d’accélérer la cicatrisation de plusieurs jours et réduit les besoins en antalgiques. Une approche rentable : elle réduit de 75 % les coûts d'une prise en charge.
Le tilapia est très consommé par les Brésiliens, mais sa peau est pour le moment jetée. Les chercheurs veulent pouvoir l'exploiter. Il faudra pour cela convaincre les entreprises brésiliennes impliquées dans l'exploitation de ce poisson. Car les chercheurs veulent passer à la phase de commercialisation, mais ne peuvent pas le faire seuls.
Un effet "tampon"
L'effet du tilapia sur la cicatrisation ne relève pas du miracle. « En étudiant la peau du poisson, nous avons été surpris de voir la grande quantité de collagène de type 1 et 3 qu’elle contenait, bien plus que dans la peau humaine ou dans d’autres types de peaux », explique le Dr Edmar Maciel, spécialisé en chirurgie plastique et réparatrice, qui dirige l'étude clinique. Le collagène est une protéine indispensable à la cicatrisation.
Les bandes de peau de poisson adhèrent à la plaie et créent une sorte d'effet tampon, comme le rapporte un article paru dans le magazine Stat (en anglais). « Elles empêchent les contaminations et préviennent la sécheresse ainsi que la perte de protéines. De plus, elles restent collées à la plaie jusqu’à la guérison », explique le Dr Maciel. Parmi les 52 individus inclus dans l’essai, aucun n’a présenté de complications.