Au Yémen, la crise humanitaire s’est intensifiée depuis deux ans dans l’indifférence mondiale. Aux bombardements meurtriers s’est ajoutée une épidémie de choléra et de malnutrition sévère. Alors que la situation désastreuse du pays est abordée ce mardi au Conseil de sécurité de l’Onu, Médecins du Monde « réitère son cri d’indignation face à l’urgence de la crise et la passivité de la communauté internationale » dans un communiqué.
Car urgence il y a. Chaque jour, 3 000 nouveaux cas de choléra se déclarent. Les hôpitaux ont croulé sous les bombardements. « Plus de la moitié des installations sanitaires du pays ne sont plus en état de fonctionnement », rapporte l’ONG.
17 millions de personnes souffrent de la faim
La population peine à avoir accès aux soins, à la nourriture, à l’eau potable, à l’hygiène, ce qui favorise considérablement les risques épidémiques. Depuis fin avril, 315 décès et 29 300 cas suspects de choléra sont à déplorer. « Environ 19 millions d'habitants, soit environ deux tiers de la population, ont un besoin urgent d'aide humanitaire, dont 17 millions souffrent de la faim ».
Dans cet océan de catastrophes, les enfants encourent un danger particulièrement grave. Les estimations de l’ONG font état de 462 000 enfants de moins de cinq ans en danger de mort immédiate liée à la malnutrition.
Blocus
« Les autorités ne peuvent répondre à l’étendue des besoins, et l’aide internationale peine à se déployer compte tenu de l’insécurité liée à la guerre ». Dans la zone du port d’Hodeïda, où transitent près de 80 % des importations de nourriture, de médicaments et de carburant, les combats risquent de rendre l’approvisionnement « quasi impossible », prévient encore Médecins du Monde.
Or, le blocus imposé par la coalition internationale, soutenu par la France, joue un rôle déterminant dans la crise nutritionnelle et la dégradation des indicateurs de santé. « Qu’attend la communauté internationale pour mettre fin à ce silence assourdissant ? Il faut intervenir urgemment, les Yéménites sont en grand danger de mort ».
8 000 morts dans les combats
Outre l’épidémie de choléra et l’urgence nutritionnelle, un autre fléau mortel frappe le Yémen. Depuis mars 2015, les combats ont fait plus de 8 000 morts et plus de 44 500 blessés, rappelle encore MdM, qui vient en aide aux populations dans le gouvernorat de Sanaa afin de tenter d’assurer un accès aux soins de santé primaire, « dont la prise en charge nutritionnelle et l’appui psychosocial » – mais dont l’action ne peut se suffire à elle-même dans ce pays ravagé par la souffrance.