Elles agissent discrètement, mais pas toujours à notre avantage. Les bactéries du vagin ont la capacité de réduire l’efficacité d’un antiviral appliqué localement. Testé en prévention du VIH, le ténofovir a déçu la scène internationale en 2015. Il ne réduit que de 39 % le risque de transmission du virus. L’explication de cette faible protection est fournie ce 1er juin dans Science.
Par voie orale, le ténofovir réduit le risque d’infection de 49 à 75 %. Une bonne efficacité qui ne se retrouve pas avec le gel. Dans l’essai mené en Afrique du Sud, le taux de contamination était similaire entre les femmes qui ont utilisé l’antirétroviral et celles qui ont reçu un placebo. La composition bactérienne vaginale des participantes a joué un rôle important dans ces taux.
Un rapport de 1 à 3
Près de 700 femmes séronégatives qui ont pris part à l’essai clinique se sont pliées à des examens. Les scientifiques ont distingué deux grands groupes : celles dont le microbiote vaginal est dominé par Lactobacillus, et celles qui possèdent surtout la bactérie Gardnerella vaginalis. L’efficacité du ténofovir en prévention varie fortement entre ces deux groupes, dans un rapport de 1 à 3.
Chez les femmes dont le vagin abrite surtout du Lactobacillus, l’antirétroviral est largement plus efficace. Le gel réduit de 61 % le risque de transmission du VIH. C’est largement moins dans le groupe où cette bactérie ne domine pas. Le risque est alors diminué de 18 %. Cet écart se maintient même chez les femmes qui se sont montrées très observantes.
Une assimilation accélérée
Pourquoi Lactobacillus se montre si favorable à l’efficacité du ténofovir ? En réalité, la réponse réside plutôt dans le profil de la bactérie Gardnerella vaginalis. Celle-ci provoque une assimilation plus rapide du principe actif du médicament. Son action s’effectue donc sur une durée plus courte.
Un autre élément s’ajoute. Le profil bactérien du vagin influence la réponse immunitaire des muqueuses face à un agent pathogène. En cas de vaginose bactérienne, l’équilibre est perturbé. Elle est également un facteur de risque de mauvaise santé et d’infection par le VIH. Or, jusqu’à 60 % des femmes sont porteuses d’une telle infection.
Pour les chercheurs, ces résultats rappellent l’importance de poursuivre les travaux sur l’impact du microbiote vaginal sur la santé des femmes. « A moins d’une meilleure compréhension de la structure, la fonction et la dynamique du microbiote vaginal, nous ne parviendrons pas à mettre en place des interventions efficaces ou à améliorer la santé des femmes », avertissent-ils.