La santé mentale des Français coûte cher à l'Assurance maladie. Dans sa dernière cartographie, la CNAMTS a souligné l'augmentation de ses dépenses. Si les hospitalisations restent en tête, les pathologies psychiatriques et la prescription de psychotropes complètent le top 3 des postes de dépense. En 2015, ces soins ont concerné plus de 7,2 millions de personnes pour plus de 19 milliards d’euros de remboursements.
Pas assez de thérapies
Les anxiolytiques ou antidépresseurs sont surtout consommés par des personnes âgées, et majoritairement de sexe féminin. « Nous l’avions déjà constaté les années précédentes et nous nous étions rendus compte qu’en France, contrairement à d’autres pays, nous ne pouvions pas soigner des épisodes dépressifs légers ou modérés avec des psychothérapies », relève le Dr Ayden Tajahmady, directeur adjoint de la direction de la stratégie et des études statistiques (DSES).
Mais ce constat n'est pas une fatalité. L'Assurance maladie a prévu une expérimentation qui devrait démarrer prochainement. Elle consistera à proposer des séances remboursées aux patients souffrant de troubles légers ou modérés. Les autorités ont aussi lancé plusieurs campagnes destinées à limiter la prescription de psychotropes et notamment de benzodiazépines. Ces médicaments ont tendance à être administrés trop facilement et sur de trop longues durées.
Le boom des maladies chroniques
Cette cartographie confirme aussi le poids croissant des pathologies chroniques et des dépenses qui leur sont associées. Entre 2012 et 2015, 332 000 patients supplémentaires ont été traités pour une pathologie neuro-cardiovasculaire, telle qu’une insuffisance cardiaque, un infarctus ou un AVC.
Le vieillissement de la population entre notamment en cause. Et dans les 5 prochaines années, ces maux ne devraient pas disparaître. Loin de là. Le nombre de malades du cœur ou atteints de diabète va continuer de croître, tout comme le nombre de malades souffrant de plusieurs pathologies.
La difficile évaluation financière
D’ici 2020, 580 000 Français supplémentaires seront pris en charge pour au moins une maladie chronique, une hospitalisation ponctuelle ou une maternité. « Le défi des maladies chroniques va donc continuer à se poser mais d’une façon moins aiguë, ce qui va probablement être une bonne nouvelle pour les maîtrise des dépenses de santé », souligne Ayden Tajahmady.
Source : Cartographie médicalisée des dépenses de santé, Assurance maladie
Mais la CNAMTS ne s’est pas lancée dans le calcul des dépenses de santé pour les 5 prochaines années. Il est en effet très difficile de se projeter, car les tarifs des consultations chez le médecin ou d’un examen biologique peuvent beaucoup varier au fil des ans. L’effet de l’arrivée de nouveaux traitements sur le marché est aussi difficile à anticiper.