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196 jours d'impesanteur

Mission Proxima : tout ce qu'a subi le corps de Thomas Pesquet

Par Anne-Laure Lebrun avec Ambre Amias

La mission de Thomas Pesquet a pris fin le 2 juin. Mais il pourrait mettre des mois à retrouver toutes ses aptitudes d'avant ce long séjour dans l'espace.

Shamil Zhumatov/AP/SIPA

La mine de Thomas Pesquet à son retour sur terre en dit long sur l’effet des voyages dans l’espace. Mauvaise mine, visage légèrement bouffi, toujours soutenu par deux personnes pour marcher… Le rêve de l’astronaute a pris fin ce vendredi, et un long combat physique s’annonce pour lui.

Car après plus de 190 jours dans l’espace, le corps s’adapte à l’impesanteur. Au retour sur terre, tout paraît difficile : « Tout semble très lourd, même son portable, sans parler de son propre corps. On a l’impression que tout est en plomb », confiait, il y a quelques jours, Jean-François Clervoy à Pourquoidocteur. L'ancien astronaute avait, lui, réalisé trois missions spatiales.

Se remettre sur pieds

Les astronautes perdent aussi l’équilibre et ont du mal à se tenir debout. « Le système vestibulaire n'étant plus calibré, il est impossible de tenir debout sans garder les yeux ouverts, poursuit l’astronaute. Cette perturbation dure plusieurs jours et disparaît petit à petit. »

Le système cardio-vasculaire est aussi atteint. Le cœur, en impesanteur, n’a plus besoin de toute sa puissance pour faire remonter le sang des pieds jusqu’au cerveau, et s’atrophie. Au retour sur terre, il est donc nécessaire d’augmenter la pression artérielle artificiellement, afin d’éviter les malaises.

 

-20 % de densité osseuse

Mais parmi les nombreuses modifications que subit l’organisme, la perte de densité osseuse est peut-être la plus problématique. En six mois d’impesanteur, les astronautes perdraient près de 20 % de leur masse osseuse, avec des symptômes proches de ceux de l’ostéoporose. Et il leur faudra plusieurs années pour la récupérer.

Le corps, qui n’a plus à se tenir debout, se fragilise. Parallèlement aux problèmes osseux, les muscles s’atrophient de 20 ou 30 %. Ceux du dos, du cou, des mollets et des cuisses en particulier, car ils ne sont que peu sollicités en dehors de la marche et du maintien de la posture. Et ce, malgré les deux heures de sport par jour imposées aux habitants de la station spatiale internationale (ISS).

La fin du rêve

Pendant les semaines à venir, Thomas Pesquet sera donc surveillé de près. Une surveillance qui s’accompagnera bientôt d’un programme musclé de remise en forme. « Il doit suivre un programme d’exercices physiques et de suivi médical pour optimiser son retour à un état normal de terrien et lui redonner une aptitude au vol spatial, poursuit Jean-François Clervoy. Cette réhabilitation permet de s’assurer que l’astronaute se sent totalement normal. »

Une normalité relative : au retour d’un voyage spatial, beaucoup d’astronautes souffrent de problèmes de vision qu’ils n’avaient pas en partant, et doivent souvent porter des lunettes : l’impesanteur déforme les orbites oculaires, et les rayons cosmiques favorisent la survenue d’une cataracte…

Finie donc la meilleure partie du travail pour Thomas Pesquet. Le retour est brutal, et il n'est pas à l'abri d'une petite déprime, que ressentent de nombreux astronautes de manière plus ou moins sévère.