125 dollars. C’est l'investissement nécessaire pour une année de vie gagnée pour les patients atteints de cancers. Joseph Unger, un biostatisticien américain, a analysé l’impact des essais cliniques financés par les fonds publics du SWOG, une organisation qui dépend de l’Institut américain de lutte contre le cancer (NCI).
« Les investissements du NCI dans le SWOG se sont traduits par des bénéfices significatifs pour les Américains, explique-t-il. De nombreuses personnes atteintes de cancers ont vu leur vie prolongée grâce aux thérapies testées dans nos essais cliniques publics. En plus, le coût de ces recherches est relativement bas. Impact fort et coût bas : la rentabilité pour les contribuables est très bonne. »
23 essais cliniques concluants
En tout, ces investissements dans les 193 essais cliniques de type III – les plus coûteux – ont mobilisé 200 000 patients entre 1956 et 2016. Parmi eux, 23 ont conclu sur une amélioration de la survie des patients atteints de cancers de la peau, du poumon, du sein, de la prostate ou du sang (leucémie, lymphome, myélome), menant au développement de 14 médicaments et une centaine de procédures de traitement.
En utilisant les données épidémiologiques sur ces cancers, le Dr Unger a estimé le nombre de personnes qui auraient pu profiter de ces avancées, et le gain de vie attendu grâce aux nouvelles thérapies. Par ces estimations, il arrive à 3,34 millions d’années de vie gagnées.
Toujours rentable à 1 250 $ par année
Et c’est en divisant le coût pour le contribuable de ces essais – soit 418 millions de dollars – par le nombre d’années de vie gagnées qu’il obtient ce prix de revient de 125 dollars par année. Un coût étonnamment faible, pour le chercheur. Il a pourtant pris la limite supérieure de la fourchette.
Même en excluant des candidats potentiels aux traitements qui n’y auraient finalement pas eu accès, le nombre d’années de vie gagnées reste supérieur à 2 millions. Soit un coût de revient d’à peine plus de 200 dollars. « Même si mon estimation était dix fois plus élevée, et que l’investissement atteignait 1 250 dollars par année gagnée, il serait encore très faible. »
« Le temps est le cadeau le plus précieux que nous ayons, a déclaré le Dr Charles Blanke, président du SWOG. Le fait de donner aux patients et leur entourage plus de temps est une réussite majeure. C’est un bénéfice exceptionnel à attribuer aux fonds fédéraux alloués à la recherche contre le cancer. »
Aux États-Unis, les cancers sont la principale cause d’années de vie perdues (9,2 millions en 2013), devant les maladies cardiovasculaires (7,3 millions), d’après une étude du NCI.
Les résultats de l’étude, présentés le 5 juin au congrès de l’association américaine d’oncologie clinique (ASCO 2017), sont publiés dans la revue JAMA Oncology.